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          (
        
        
          artabsolument
        
        
          )
        
        
          no 1    •    printemps 2002
        
        
          Philippe Piguet : Dans le catalogue de l’exposition “Mythologies
        
        
          Quotidiennes II”, organisée à l’ARC en 1975, vous affirmiez que
        
        
          “l’art contemporain (devait) s’inscrire dans le phénomène
        
        
          humain. Ne plus être saisi comme reflet mais viser à une inser-
        
        
          tion dialectique dans le réel”. A quoi correspondait cette volonté
        
        
          de restituer à l’œuvre une dimension humaniste ? Est-ce à dire
        
        
          que vous vouliez d’emblée y affirmer un rapport à l’histoire ?
        
        
          Ernest Pignon-Ernest : Je n’y allais pas par le dos de la cuillère !
        
        
          Dans le ton, le vocabulaire, il y avait quelque chose de l’air de
        
        
          l’époque. Mais j’assume. C’est vrai, j’avais le désir de définir mon
        
        
          travail contre une certaine dérive de l’art contemporain qui me
        
        
          semblait se couper de l’humain. D’ailleurs, ça n’a fait que s’ac-
        
        
          centuer depuis… Je n’ai jamais pu, pour ma part, penser ma pra-
        
        
          tique en dehors d’un rapport à la société, à l’histoire, de quelque
        
        
          façon qu’on les considère. Peut-être y a-t-il là une espèce de naï-
        
        
          veté mais je n’ai jamais envisagé ma pratique artistique pour
        
        
          elle-même, dans cette dialectique qui se mord la queue, où l’art
        
        
          ne fait que s’interroger lui-même, dans ce colimaçon nombriliste
        
        
          d’infimes spéculations où l’on propose des innovations qui inno-
        
        
          vent sur l’innovation de la semaine précédente. Le formalisme
        
        
          pour le formalisme ne me motive pas.
        
        
          P.P. : Vous semblez vouloir opposer d’emblée rapport à l’histoire
        
        
          et considérations formelles…
        
        
          E.P.-E. : Non, pas vraiment. Je dis seulement que cela ne me
        
        
          motive pas. J’ai besoin de stimuli plus passionnants. Mais, bien
        
        
          évidemment, je ne parle que pour moi. Je n’ai aucune théorie,
        
        
          aucun a priori là-dessus. C’est vrai que j’ai tendance à penser
        
        
          Rencontre
        
        
          Ernest Pignon-Ernest et Philippe Piguet
        
        
          Une œuvre dans l’histoire
        
        
          L’intérêt manifesté par Ernest Pignon-Ernest pour
        
        
          des mouvements de l’histoire de l’art, comme par
        
        
          exemple le baroque napolitain, est le plus souvent lié
        
        
          à un rapport à l’histoire avec un grandH. C’est à propos
        
        
          du rapport de son œuvre à cette dernière que Philippe
        
        
          Piguet, critique d’art qui s’est toujours intéressé
        
        
          au statut de l’image dans notre société, l’a interrogé.
        
        
          Ernest Pignon-Ernest
        
        
          “Image réalisée à Avignon, en 1975,
        
        
          à partir d'un travail au sein d'un groupe
        
        
          de travailleurs immigrés; certains
        
        
          d'entre eux ayant participé au tirage et
        
        
          au collage des 4OO sérigraphies.”