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          (
        
        
          artabsolument
        
        
          )
        
        
          no 1    •    printemps 2002
        
        
          >
        
        
          >
        
        
          À ce propos, on peut rappeler ici que Matisse s’intéressait à
        
        
          l’art décoratif islamiqueparcequ’il y voyait unepossibilitéde
        
        
          surmonter l’opposition habituelle entre “art mineur” et “art
        
        
          majeur” auprofit d’unedimensionabstraite, voirespirituelle.
        
        
          Après avoir assisté à un assez grand nombre de
        
        
          mariages marocains en France – dont furent issues deux
        
        
          premières photographies – je décidai de poursuivre le tra-
        
        
          vail au Maroc et de travailler en collaboration avec les maî-
        
        
          tresses de ces cérémonies nuptiales – les négafas – qui
        
        
          possèdent robes, accessoires et science de la fête. Il me fut
        
        
          possible de photographier quelques tenues – rares, parce
        
        
          que démodées. Je n’ai rapporté de ce séjour marocain que
        
        
          deux images. Au cours de ce voyage, je me suis vite rendu
        
        
          compte que la communautémarocaine était beaucoup plus
        
        
          attachée à ses valeurs traditionnelles en France qu’au
        
        
          Maroc. De retour enFrance, j’ai terminé cette série en réali-
        
        
          sant deux dernières photographies.
        
        
          La série comprend donc six photographies, réalisées
        
        
          en noir et blanc et en grand format ; la frontalité de la
        
        
          photographie, sa monumentalité, sa puissance, consti-
        
        
          tuent comme un substitut du corps réel, une sorte de
        
        
          “corps lumineux”métamorphosé par le processusmême
        
        
          de la photographie. Dans cette série – comme dans les
        
        
          séries précédentes – la métamorphose des formes est
        
        
          donc centrale, comme elle l’est aussi – d’un point de vue
        
        
          plus symbolique – dans le rituel du mariage qui symbo-
        
        
          lise, par exemple, le passage de la jeune fille à la femme
        
        
          ou de la fille à l’épouse.
        
        
          L’idée de faire des “photographies de mariage” est née
        
        
          demon goût pour les cérémonies. Après avoir photographié
        
        
          uniquement des objets dans une sorte de cérémonial orga-
        
        
          niséparmoi, jeme suisprêtéeau jeuconsistant àm’adapter
        
        
          à une situation ritualisée sans que j’en maîtrise moi-même
        
        
          le déroulement. Le fait d’assister à cette cérémonie comme
        
        
          “photographe” – ce qui est inévitable en ce genre de circons-
        
        
          tance – ne représentait donc pas pour moi une forme parti-
        
        
          culière de compromis ou de subversion de mon statut d’ar-
        
        
          tiste, il faisait partie du travail lui-même.
        
        
          Je me suis d’abord intéressée à tous les mariages, dans
        
        
          tous les milieux, jusqu’au jour où j’ai pu photographier en
        
        
          France unmariagemarocain qui m’a séduit par la profusion
        
        
          et la richesse de ses éléments cérémoniels.
        
        
          Les robes des mariées marocaines proviennent de la
        
        
          culture arabo-andalouse, qui s’est constituée duVIIIe auXVe
        
        
          siècle en Espagne du sud puis, après la conquête par les
        
        
          chrétiens de l’Andalousie, dans les villes du nord du Maroc,
        
        
          en particulier Tétouan ou Fès. Les robes de l’infante de
        
        
          Vélasquez en sont le témoignage. Il existe d’ailleurs cer-
        
        
          taines analogies formelles entre la stature des mariées
        
        
          marocaines dansmes photographies et le traitement pictu-
        
        
          ral des personnages féminins chez Vélasquez.
        
        
          Durant la deuxième nuit de fête – le mariage dure au
        
        
          minimumtrois jours – lamariée porte de sept à onze tenues
        
        
          différentes. Certaines de ces robes ont retenu mon atten-
        
        
          tion, parce qu’elles semblaient réaliser la synthèse inatten-
        
        
          due du corps avec l’ornemental, voire avec l’abstrait.
        
        
          Photographie
        
        
          Valérie Belin
        
        
          Mariées marocaines
        
        
          
            (art absolument)
          
        
        
          présentera à chacune de ses parutions l’œuvre d’un “photographe plasticien”,
        
        
          nouvelle expression artistique qui émerge depuis les années 80 et qui nous paraît particulièrement
        
        
          intéressante. Pour l’inaugurer, nous proposons une note d’atelier ainsi que l’intégralité de la série
        
        
          “Mariées Marocaines”  de la jeune artiste Valérie Belin.
        
        
          Centre d’art contemporain, Vassivière-en-Limousin.
        
        
          Musée de Picardie, Amiens.
        
        
          •
        
        
          
            2000
          
        
        
          Institut français, Dresde, Allemagne.
        
        
          •
        
        
          Galerie Vox, Montréal, Canada.
        
        
          •
        
        
          
            2001
          
        
        
          Galerie Xippas, Paris.
        
        
          
            Valérie Belin en quelques dates
          
        
        
          •
        
        
          Née en
        
        
          
            1964
          
        
        
          à Boulogne-Billancourt.
        
        
          •
        
        
          
            1996
          
        
        
          Galerie Alain Gutharc, Paris.
        
        
          •
        
        
          “Des séances”, Crédac, Ivry, France.
        
        
          •
        
        
          
            1998
          
        
        
          Galerie Xippas, Paris.
        
        
          •
        
        
          
            1999
          
        
        
          Musée des Arts décoratifs, Paris.
        
        
          Six pages suivantes : Valérie Belin
        
        
          Mariée marocaine,
        
        
          2000, Photographie, 130x160 cm.