À la parution de cet article au
Mercure de France
, en décembre
1908, ÉmileBernardaquaranteans.
Depuis quatre ans, il s'est installé à
Paris au 12 rueCortot àMontmartre
d'où il renoue avec la vie artistique.
Julien Tanguy est mort en 1894, ce
n'est donc pas un hommage de cir-
constance que nous propose le
peintremais bien un chapitre de ses
souvenirsavec les imprécisionset la
subjectivitépropresà cegenre.
Du jeunehommeprécoce, inven-
teur du cloisonnisme, à l'homme
mûr, qui s'oriente de plus en plus
vers un classicisme académique
nourri de longs séjours en Egypte
et en Italie, il s'est passé plus de
vingt ans.
Entré à l'
Atelier Cormon
en
juillet 84, il en est renvoyé en mars
1886. Il décide alors de partir à pied
sur les routes de Bretagne et entre
avril et octobre fait deux séjours
prolongés à Saint Briac et Pont-
Aven où se trouve alors Gauguin.
Celui-ci, nullement impressionné
par ce quasi autodidacte, le reçut
assez mal ainsi que le jeune artiste
le relate à ses parents : “Je suis très
respecté. En revanche Gauguin me
tourne le dos et se fiche de moi. Il a
peut-être raison.”
C'est à l'automne de cette
même année qu'il retrouve Van
Gogh, croisé chez Cormon, et qu'à
la suite ce celui-ci il fait connais-
sance avec les lieux où l'Avant-
Garde se construit. En 1885, il avait
page
84
(
artabsolument
)
no 1 • printemps 2002
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Domaine public
Émile Bernard et Julien Tanguy
Le texte du célèbre peintre Émile Bernard sur le
Père Tanguy
est l’un des textes majeurs de son auteur. Il brosse
le portrait de celui qui fut, de par sa fonction de marchand de couleurs (qui échangeait les matériaux nécessaires
pour peindre avec les œuvres de ses “clients”), le premier collectionneur des impressionnistes. Ce texte est pré-
senté par Anne Rivière, qui s’est chargée de l’édition et de la présentation des œuvres complètes des “Propos sur
l’art” d’Émile Bernard, parus aux Éditions Séguier, en 1994.
Vincent Van Gogh
Le Père Tanguy,
hiver 1887-88, Huile/Toile, 65x51 cm, P.7302, Photo J. de Calan, Courtesy Musée Rodin Paris