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62
(
artabsolument
)
no 1 • printemps 2002
Rencontre
Entretien entre Anne Dagbert et Marc Couturier
Le goût de l’infini
Marc Couturier est un artiste rare, qui capte, à travers une mise en forme subtile et souvent
in situ
(comme par exemple la croix de l’autel de Notre-Dame de Paris), ce qui échappe d’ordi-
naire à la perception : l’imperceptible, l’invisible, le “poétique”. Anne Dagbert, qui est critique
d’art et suit son travail depuis plusieurs années, l’a rencontré pour l’interroger sur quelques-
unes de ses œuvres majeures.
Anne Dagbert : Au Musée national des Arts
d’Afrique et d’Océanie, vous avez eu l’occasion
cette année de réaliser une installation monu-
mentale qui synthétise assez bien votre œuvre,
basée essentiellement sur l’advenue de l’invi-
sible dans le monde visible.
Marc Couturier : En effet. Cette installation,
intitulée “Secrets”, présente des
churinga
,
pierres et bois plats et ovales gravés de des-
sins abstraits, qui font partie de la collection
d’art aborigène australien du musée. J’ai
choisi le titre avec Yves Le Fur (Conservateur
du Patrimoine au Musée national des Arts
d’Afrique et d’Océanie), parce que les
chu-
ringa
véhiculent une sacralité secrète. Ce
sont des “objets vivants” qui abritent les
“esprits enfants” liant le présent aux créa-
tions originelles. Il était hors de question de
les exposer dans une vitrine en dévoilant le
caractère sacré de leurs inscriptions. C’est
pourquoi, en liaison avec mon travail sur les
Lames
(1), on a choisi de les installer de
manière à ce qu’on n’en voit que la tranche,
disposés à chaque extrémité d’une immense
salle de 53 m, complètement dénudée, dans
des modules architecturaux courbés (conçus
par l’artiste designer Sylvain Dubuisson),
recevant une grande lumière. Entre ces deux
Marc Couturier
Exposition Praz-Delavallade
1999, Paris