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36
(
artabsolument
)
no 4 • printemps 2003
Photographie
Patrick Tosani et le thème du miroir par Soko Phay-Vakalis
Les reflets archaïques
Patrick Tosani part toujours du réel pris commematériau. Faisant le constat que la photographie
est limitée face au réel, il s'interroge sur la manière de rendre perceptible la transfiguration de
l'image à partir d'un appareil qui rend compte des choses avec précision et fidélité. Comment la
photographie, par sa manière frontale de le présenter, peut-elle donner sens à un objet ?
Les choses usuelles et familières deviennent des
objets photographiques
: les glaçons, les pluies,
les cuillères, les mille-feuilles et les tambours, photographiés sans artifice, donnent à voir
au-delà de la reconnaissance des objets une autre représentation. Ces objets neutres parviennent
à une seconde figuration, par un processus de mise à distance, selon un procédé défini.
La résonance des choses
Dans la série des cuillères, Patrick Tosani choisit un cadrage serré sur la face
concave de l'ustensile ordinaire, évidant le contexte : fond neutre, manche coupé. De
même, la forme varie peu de l'une à l'autre. Par le jeu de contraste des rayons lumi-
neux, la cuillère devient plate, une surface concentrée. Pour éviter toute narrativité
que pourrait donner le jeu des déformations par la convexité de la cuillère, Tosani a
choisi la concavité, privilégiant les qualités de réceptacle, de creuset de l'objet.
Celui-ci énonce ce que la photographie est au sens étymologique du terme, c'est-à-
dire “écriture de lumière” : elle contient exactement ce que l'objet rayonne.
La présence de l'objet dans l'image est intensifiée, notamment par l'agrandisse-
ment qui peut être extrêmement important et varié. “L'amplification de l'image par
l'agrandissement a aussi un rôle compensateur. Il s'agit de compenser la perte du
réel, l'appauvrissement des sensations, les limites et les faiblesses de l'enregistre-
ment photographique”, confie l'artiste. Ainsi, l'épreuve agrandie des cuillères invite
le spectateur à se confronter à l'œuvre : le tirage d'une dimension de 1,82 mètre,
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