Tout à coup, il s’agit du livre sur la grotte
Chauvet qu’elle a acheté à sa parution et de
ces lions qui courent après une proie, profils
félins dont la présence condensée lui ont rap-
pelé de façon surprenante la fresque de la
Découverte de la vraie croix
par Piero della
Francesca à Arezzo (elle ne l’a pas revue
depuis 1947). On y trouve également des profils
en concentration profonde, mais ce sont des
profils d’hommes en contemplation devant la
vraie croix retrouvée. Tout sépare ces deux
œuvres : d’un côté la férocité sauvage, de
l’autre l’adoration, le ravissement sublime.
Pourtant c’est la même présence consommée
dans les deux, à 30 000 années de distance.
Dans la grotte de Lascaux, il y a un puits
(20mètres deprofondeur) sur laparoi duquel est
gravé un homme blessé à mort, tombé à la ren-
verse; à sadroite, unbisonblessémortellement,
aussi par des flèches, retourne sa tête vers ses
entrailles sorties de son ventre. En quelques
traits – mais quels traits! – tout est dit. Le très
grand art. Que ce soit les magnifiques Titien, le
Martyr du faune Marsyas
, l’ultime
Pieta
ou bien
la fresque du
Jugement dernier
deMichel-Ange,
la sensualité de la chair magnifiée de Rubens, le
souffle de Shitao et
Routes principales, routes
secondaires
de Paul Klee, Malevitch ou Lascaux,
les cultures, les lieux, les techniques, les temps
passent, l’essentiel reste lemême.
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(
artabsolument
)
no 4 • printemps 2003 page
25
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Judit Reigl
Déroulement
1974, technique mixte sur toile, 240 x 220 cm. En dépôt à la Galerie de France
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