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page
78
(
artabsolument
)
no 4 • printemps 2003
Note d’atelier
Bruno Perramant
Passion
C’est d’abord une affaire exagérée de la mémoire.
Musée de Philadelphie, dans mon dos je laisse les for-
midables baigneuses de Cézanne, et au bout de l’im-
mense galerie de peinture apparaît l’hallucinante
Crucifixion
de Rogier Van der Weyden. De si loin elle
n’est pas identifiable, on pourrait même croire à un
Francis Bacon égaré chez les primitifs flamands.
Rouge, je le saurais par la suite, aucun autre peintre
n’a utilisé cette couleur de cette façon. L’usage est plu-
tôt au rouge sang, assombri, impur. Ici, comme dans
tous les tableaux de Rogier que je verrai par la suite, le
rouge est toujours présent, décisif, vif, vermillon. Le
rouge est une décision. C’est peut-être la seule couleur
qui à ce point nécessite le choix de son utilisation.
Toutes les étapes de la Passion s’y prêtent forcément,
surtout celle-ci qui voit couler le sang, extrémité spiri-
tuelle et dramatique, charnière vie-mort en devenir
mort-vie, c’est-à-dire résurrection. Le rouge fait sens
à toutes les étapes. Chez Fra Angelico, c’est dans les
yeux du Christ que le rouge annonce le futur déjà
déterminé de la Passion.
Les polyptyques se déplient pour se rendre visible. Ici,
il ne reste que deux des trois tableaux, c’est une fausse
symétrie, il manque assurément un personnage.
Bruno Perramant
Dessus dessous
maintenant
toujours plus
1997
huile sur toile
(92 x 73 cm) x 3
(90 x 130 cm) x 2
Choisissant de commenter le diptyque
La Vierge soutenue par Saint Jean, le Christ en croix
du primitif flamand Rogier Van der Weyden, l’artiste Bruno Perramant, à travers l’écriture
de ce texte, se penche sur son propre désir de création.
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