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(
artabsolument
)
no 4 • printemps 2003 page
43
Il en constitue, idéologiquement, une version contraire. Une scène figée, celle de
Seurat, contraste avec une guirlande, au mouvement continu et tournant. Les per-
sonnages de Watteau s’enlacent en lignes sinueuses ; qu’ils aillent au bonheur, ou
reviennent de Cythère, leurs murmures de désir ou de reconnaissance s’entendent à
les voir. Aucun vent, à la Grande-Jatte, ne fait voyager les arbres. Et pourtant, dans
les deux œuvres il s’agit de l’évocation d’un temps de bonheur, au cours d’une fête
galante, ou en une flânerie dominicale. L’une peut être nostalgique, la seconde est
affligée. Jules Laforgue, aux obsèques de qui Seurat assistait le 20 août 1877, a fré-
quemment évoqué la tristesse des dimanches et des promenades obligées ; le
Crépuscule de dimanche d’été
fait penser au tableau de Seurat :
Comme nous sommes seuls,
pourtant, sur notre Terre
avec notre infini, nos saletés, nos dieux,
abandonnés de tout, sans amour et sans Père,
seuls dans l’affolement universel des cieux ! (2)
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Georges Seurat
Un dimanche après-midi à l’île de la Grande-Jatte
1884-86, huile sur toile, 225 x 340 cm, The Art Institute, Chicago