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artabsolument
)
no 10 • automne 2004 page
59
Ihara Saikaku (1642-1693), le plus grand écrivain japonais de l’époque, crée l’
ukiyo-Zôshi
ou
Contes du monde flottant
. Histoires érotiques ou de cœur, descriptions réalistes des
quartiers de joie et du théâtre kabuki, forment la trame de ses récits.
Domaine public
Vie d’une amie de la volupté
Le Grand miroir de l’amour mâle
Ihara Saikaku
Extrait de
Vie d’une amie de la volupté
de Saikaku
Concubine d’un bonze de temple séculier
Je rouvris mon vêtement fermé sous les ais-
selles et repris mon aspect d’autrefois. C’était
un avantage que me permettait la petite taille
dont la nature m’avait douée et qui m’avait fait
donner le sobriquet de “Tekkai fille”.
À l’époque, les temples étaient à leur apogée
mais, bien que la loi bouddhique fût très en
faveur, ils ne se cachaient pas du monde pour y
entretenir des tera-koshô. Moi-même, à l’imita-
tion de ceux-ci, et tout honteuse que j’étais, je me
rasai le milieu de la tête à la manière des waka-
shu. J’appris à contrefaire la voix masculine ; je
pris peu à peu l’allure des garçons à force de l’ob-
server et, portant même un pagne masculin,
j’étais vraiment étonnée de pousser à ce point la
ressemblance. Je changeai ma ceinture contre
celle, plus étroite, que portent habituellement ces
jeunes gens. Avec le grand et le petit sabre, je
n’arrivais cependant pas à bien équilibrer ma
démarche. Vêtue du manteau, coiffée d’un cha-
peau en jonc tressé ayant la forme de celui d’un
champignon, je trouvais, à part moi, cet accou-
>
Nishimura
Shigenobu.
Les trente-deux
traits féminins.
Époque d’Edo,
entre 1729 et 1739,
31 x 15,2 cm.
Musée national
des Arts
asiatiques-
Guimet.