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artabsolument
)
no 10 • automne 2004 page
11
Comment capter l’infini dans le fini ? Créer des “structures de flux”? Les laisser émerger et
s’épanouir? Analyse de l’œuvre d’une artiste d’aujourd’hui se situant entre peinture et dessin.
Peinture
Cristaux et fleurs de l’art
de Najia Mehadji
Par Christine Buci-Glucksmann
“Remonter du modèle à la matrice” : c’est en
ces termes que Paul Klee définissait la tâche
de l’art dans son devenir-univers. Car contrai-
rement au modèle issu de la mimésis, la
matrice est bien ce qui capte les énergies, les
rythmes, les étoilements et les rayonnements
de tous les flux du monde. Si bien que l’art
dans sa morphogenèse devient inséparable
de tous les “entre-mondes”. Entre ciel et
terre, ordre et chaos, visible et invisible, il par-
ticipe de l’intimité cosmique, comme l’artiste
qui place son regard dans les choses.
Et c’est précisément cette démarche que l’on
retrouve dans toute l’œuvre de Najia Mehadji, qui
n’acessédeconstruiredesdiagrammesd’univers
àpartird’ungestequilesinstitue.Etce,destracés,
empreintes et collages des années 85-95, à la
ligne–autraitausenschinois–qui dominedepuis
I996.Carc’estàcemoment-là,dansles
Chaosmos
(1997), que la matrice cosmique s’énonce explici-
tement. Il faut partir du chaos et passer des
matrices cristallines et géométriques du monde,
dominées par une énergie linéaire qui anime
Coupoles,Rhombes
et
Sphères
, auplanfluidedes
matrices organiques et florales, celles des
Arborescences
et
Du végétal
. Avec leur énergie
courbe et fluide, elle renoue avec “le désir de
ligne”matissienetlemouvementmêmedel’infini.
Car peindre, c’est toujours saisir l’infini dans
le fini, capter des énergies gestuelles et plas-
tiques qui rythment la matière. Première
matrice donc, celle qui explore un univers
céleste parfait et un plan cristallin, avec ses
modèles géométriques, ses arêtes, ses cou-
pures et ses reflets ombrés et tremblés de
Najia Mehadji.
Chaosmos.
1998, stick à l’huile sur toile, 180 x 170 cm.
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