Alain Fleischer, ou le devenir
de l’identité
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Art plastique
Henri-François Debailleux
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Vous pratiquez aussi
bien le cinéma, les arts plastiques, la
photographie que la littérature.
Comment ces disciplines se conju-
guent-elles ?
Alain Fleischer
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En fait, elles ne se conju-
guent pas, c’est-à-dire que chaque
activité à laquelle je me consacre m’at-
tire à elle dans un dialogue très serré
avec ses enjeux, son champ théorique,
ses supports, et c’est au point que j’en
deviens un individu différent dans cha-
cune d’elles. D’ailleurs, l’écrivain que
je suis pourrait très bien ne pas aimer
les films que je fais en tant que
cinéaste, le cinéaste pourrait très bien
désapprouver les photos ou les instal-
lations. Je n’ai renoncé à rien, c’est
sans doute un défaut de mon carac-
tère, mais en revanche je me suis tou-
jours consacré avec passion à chacun
de ces moyens d’expression, je m’y
immerge entièrement jusqu’à en
oublier les autres : alors, je ne suis
plus qu’écrivain, ou cinéaste, ou
artiste, ou photographe, et j’interroge
chaque champ avec une grande
Entretien avec Henri-François Debailleux
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«On ne peut réduire un personnage de littérature, et encore moins un être humain, à
une identité unique et simple. J’aime créer des personnages aux identités multiples,
feuilletées, complexes. »
À gauche :
Autant en emporte le vent.
1979, installation.
À droite :
Les apparitions du petit clown.
1986, photographie.
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