Art Absolument
|
Pourquoi avoir fait le choix
d’une fondation? Quelle est l’histoire de
cette création?
Jean-Marc Salomon
|
Je ne me considère pas
vraiment comme un collectionneur,
mais plus comme un amateur d’art. En
effet, il serait difficile de voir dans ma
collection d’œuvres d’art une ligne, une
direction ou un parti pris artistique. Je
me sens très libre dans mes choix, qui
vont de Louise Bourgeois à Roman
Opalka en passant par Madeleine
Berkhemer et Olivier Blanckart, pour ne
citer que quelques noms. En revanche,
j’ai toujours eu la volonté de montrer les
œuvres de ma collection et de faire par-
tager mon enthousiasme pour l’art
d’aujourd’hui, car j’ai la conviction que
l’art est très important, peut-être même
est-ce ce qui nous différencie fondamen-
talement des autres êtres vivants.
Ainsi, l’idée de créer un lieu d’exposition
s’est tout de suite imposée à moi dès
mes premiers achats. Je voulais montrer
que l’art pouvait enrichir une pensée,
Le point de vue de Jean-Marc Salomon
>
Art et mécénat
une vie. Comme mon épouse et moi-même voulions
rester vivre en France, nous avons décidé de créer
notre fondation dans notre région d’origine, en Haute-
Savoie. La structure juridique de la fondation était la
plus intéressante pour conduire à bien notre projet.
Il n’existe pas en France de structure juridique pour
les musées privés, nous vivons dans un pays où l’État
s’est arrogé une hégémonie totale sur les arts plas-
tiques ! Il va même décréter la gratuité des musées,
sans aucune concertation avec les musées privés !
L’expérience et l’aide apportées par Florence et Daniel
Guerlain aux Mesnuls nous ont été très précieuses
dans notre choix de création d’une fondation et lors
des formalités juridiques. Ils nous ont surtout montré
que mener un tel projet était possible.
Notre fondation est le fruit d’une rencontre entre un
projet et un lieu. Tout de suite, nous avons été séduits
par le lieu et je crois que la décision d’acquérir le châ-
teau d’Arenthon s’est faite en quelques secondes. Ici, il
y a tout : une allée de tilleuls centenaires, un grand
parc muré sur une colline et un château du XVI
e
siècle.
Après une année de travaux de rénovations, nous
avons inauguré la fondation en juin 2001 par une expo-
sition de Gilbert & George. Depuis, nous organisons
deux expositions par an et diverses activités cultu-
relles (conférences, visites, rencontres avec les
artistes). Aujourd’hui, la fondation a trouvé sa place
dans le paysage artistique de la Haute-Savoie avec une
fréquentation d’environ 12 000 visiteurs par an, dont
un quart de scolaires. Bien souvent, c’est à la fonda-
tion que notre public découvre sa première exposition
d’art contemporain. Ceci nous conduit à faire un effort
de médiation important, notamment avec des visites
guidées gratuites tous les jours en été, des fiches
pédagogiques pour les expositions et le jardin de
sculptures. La fondation développe des ateliers d’ini-
tiation à l’art contemporain pour les élèves des écoles
primaires de la ville d’Annecy-le-Vieux.
AA
|
Quel est son rôle par rapport aux institutions
publiques ?
JMS
|
Demême que je collectionne desœuvres d’art sans
avoir une ligne artistique bien établie, je n’élabore pas
un programme d’exposition, ayant une cohérence
Co-créateur de la fondation pour l’art contemporain Claudine et Jean-Marc Salomon
Vue de la fondation Salomon.