automne 2007 • no 22 •
(
artabsolument
)
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e
signe :
non visible celui-ci – ici et maintenant. La
toile que j’imagine jetée à même le sol, clouée sur le
châssis, blancheur offerte et défendue à la fois. Ànouveau,
l’ouvrage sur l’établi, ou l’établi sur l’ouvrage, ou vice-
versa. Perpétuel recommencement. Retour à la case
départ. Même combat, répéter sans faillir. Travail de
forçat. Sisyphe repoussant, halant, tirant le caillou le
long de la pente, tout en jurant qu’on ne l’y reprendrait
plus. Un peu plus vieille, un peu plus blanchie sous le
harnais. Elle est ce je qui s’aventure. Elle mesure son
propre regard. Elle se mesure à lui, le toise, le pro-
voque, l’invective. Le tableau et ses limites, poussé aux
extrêmes limites. Et sur cette blancheur, s’étalent lasci-
vement les jus dilués de ses couleurs.
Le peintre c’est elle ; et c’est elle qui commande.
Et le moi chavire.
I
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