Véronique Cote en quelques dates
Née en 1948 à Paris
Vit et travaille depuis 1990 à Cieurac
Expositions personnelles (sélection) :
2007
Le Temple, Caussade
2003
La Chantrerie, Cahors
2000
La Menuiserie, Rodez
1998
Espace Croix-Baragnon, Toulouse
1995
Galerie Claudine Lustman, Paris
1
er
signe :
une toile de couleur, du vert –
beaucoup – du rouge –moins – du blanc –
qui affleure. Au premier regard, une toile
à l’intérieur de la toile. Un espace
contenu, cloisonné, circonspect. Un
investissement de l’espace encore
retenu. Peut-être une peinture qui se
retient. Quelque chose qui se mesure et
qui mesure les choses. Un espace de la
mesure. Un espace théâtral, pourtant. Un
imaginaire qui parle aux images. Celles
qu’on porte en soi. Mais pas seulement
elles. Celles aussi qu’on sollicite hors de
soi pour s’y mesurer. Un espace qui se
cherche dans le sans limites.
No limit
!
pourrait-on dire. Mais ça ne dit pas. Ça
peint. Et ça frémit et bouge à l’intérieur du
cadre, ce vert qui vibre de sa sienne de vie
intérieure. L’intérieur, l’intime, en est-on
sûr? Ce déplacement ne saurait-il aussi
sortir du dehors? Le dehors de la toile.
Pas tout à fait pourtant. Plutôt un entre-
deux, coincé entre la couleur et la couleur.
Au final, on ne sait pas. Ça vient d’où, d’où
ça vient, du dehors ou du dedans, cette
sortie du ça vers le soi. Narcisse penché à
y tomber au-dessus de l’onde verte. Un
miroir de soi-même, saturé. Ça y est
presque. On s’y abîme. Gros traits tracés
au couteau. Le couteau débite l’espace
limité quoique l’espace s’y refuse.
Le cerne rouge autour des paupières.
N’est pasmoi qui veut. Il faut l’oser.
2
e
signe :
une boîte, non des boîtes au
sein desquelles l’espace s’emboîte.
Passage obligé. Ça a pris ses ailes pour
les couper. Alors elle plie, taille des coins.
Elle organise. Elle trace des lignes sur
les bords, souligne les angles, récuse la
rondeur. Chacune de ses boîtes est faite à
sa main. Carrée et tellement docile. Elle
Véronique Cote :
inventaire éventré… Vertige !
>
Découverte
reconstruit l’espace intérieur, une géométrie. Et donne
du volume à sa démesure. A-t-elle peur de la déme-
sure? Peut-être. Alors elle cloisonne, elle invente des
bords à ce qui n’en a pas. Cherche un sens. Une chose
qui soit en mesure de cerner, qui trace, qui circonscrive.
Une boîte, mieux que ça…des boîtes, peut-être des clas-
seurs, des casiers ou des mallettes qu’on glisse sous
son bras. La chose portée, possédée, devenue dès lors
rassurante, la chose à soi. Le sac dans lequel s’empilent
des objets sans doute nécessaires : des clefs, un miroir
de poche, une adresse qui signale la maison. Cette
chose-là est à elle. Elle mène à elle. Et elle est cet
espace enfermé, un espace reconquis sur l’indécis. Et
puis à force de plier, se ratatiner, fondre en sa propre
logique, la chose moi s’étouffe et l’étouffe aussi. Besoin
urgent d’étirer ses bras, de toucher le ciel avec ses
doigts, de faire crier ses articulations qui craquent. Les
coutures cèdent. Le vêtement devenu trop étroit pour le
corps. Les fils qui se tendent. Ça ne tient plus dans la
toile, ça n’est pas suffisamment à son aise. Ça étouffe.
Ça pète. Et ça claque en pétant. Un bruit sec et coupant.
Une déchirure qui casse. Nette. La boîte désossée.
L’espace désenclavé. À nouveau, la vacuité du vide rendue
visible. La chose moi a refusé l’enfermement.
Par Catherine Bissey
Ci-contre :
Vue de l’exposition
Peintures 2006-2007
,
Le temple, Caussade, du 7 juillet au 9 septembre 2007.
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