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page
46
(
artabsolument
)
no 16 • printemps 2006
Philippe Piguet : Votre travail s’offre à voir dans un
jeu animé d’éléments tant géométriques qu’orga-
niques. Est-ce un travail qui a à voir avec l’abstrac-
tion, le concept, la figure ou avec des entités plus
génériques comme le point, la ligne, le plan?
Didier Mencoboni : Je retiendrais les deux premiers
termes, abstraction et concept, mais j’en ajouterais
un autre : la couleur. Les autres points sont éminem-
ment présents dans mon travail mais ils opèrent
plus en retrait.
Philippe Piguet : Dans une manière abstraite,
quelle relation entretenez-vous avec ce qu’on
appelle l’“art concret” ?
Didier Mencoboni : J’en ai une connaissance limitée
notamment parce que cet art n’a participé ni à mon
apprentissage, ni à la constitution de ma peinture ; ce
sont des œuvres comme celles de Klee, Matisse ou
Miró et, un peu plus tard, de Gasiorowski et Opalka,
qui ont occupé une place importante dans mon
approche de l’art. Reste chez moi une forte relation à
l’art abstrait. En revoyant récemment une peinture de
Martin Barré au MAC/VAL, le nouveau musée de
Vitry-sur-Seine, j’ai vu dans son usage de la couleur,
notamment, quelque chose d’une rigueur prégnante
et très souple qui m’intéresse.
Philippe Piguet : La référence à Martin Barré renvoie à
un art du “peu”, sinon de l’économie, qui a à voir avec
une notion minimale. Vous sentez-vous proche de ce
que leminimal peut malgré tout produire demaximal ?
Didier Mencoboni : Disons que j’additionne les “peu”,
que je les accumule et qu’ils forment par stratifica-
tion une masse dense et complexe si le travail est pris
dans son ensemble mais, vues isolément, des
œuvres peuvent revêtir une forme minimaliste.
Philippe Piguet : Au regard de la façon dont la pein-
ture prend forme, quelle est la part entre l’obsession
et le travail ?
Didier Mencoboni : J’ai mis en place un “pro-
gramme” qui me conduit presque quotidiennement à
peindre. Dans son énoncé même, se glissent des
À la façon d'un musicien qui composerait sur le mode exclusif de la variation, Mencoboni
multiplie les jeux formels et les combinaisons chromatiques afin d'élargir le registre d'ex-
pression de la peinture. La capacité de son travail à opérer comme un réceptacle qui anti-
cipe en même temps qu'il enregistre les échos et les rumeurs du monde sans jamais les
illustrer, tient à cette qualité primordiale qu'est la disponibilité et qui suppose un état
résolu de liberté. C'est le choix d'un dialogue immédiat, partagé et ouvert avec la peinture.
Avec “Peinture”, aurait dit Gasiorowski.
Peinture
Didier Mencoboni, la liberté colorée
Entretien avec Philippe Piguet
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