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(
artabsolument
)
no 16 • printemps 2006
François Aubral : Par-delà le visible, Ennadre, c’est le corps,
la souffrance, la vie. Que fait un photographe ordinaire face à
un sujet ? Il le guette à travers son viseur et décide de fixer
l’instantané, comme un chasseur tire au fusil. Ennadre, vous
refusez ce meurtre…
Touhami Ennadre : Quand je photographie, je ne me laisse pas
photographier par le sujet. Loin deme contenter de reproduire
la réalité, je l’efface afin de ne pas tomber dans le piège de
l’image et de laisser l’imaginaire dévoiler lui-même le réel.
Le sens de mon travail est de faire ressurgir l’essentiel, il
n’est jamais illustratif. Mes photos dépendent de la lumière
que je fabrique et dont j’encercle mon motif qui ne pose
jamais. Je travaille dans le mouvement et n’utilise pas de
viseur. Il n’y a pas d’intermédiaire entre mon regard et le
sujet. Je suis mon propre viseur. Comment peut-on photogra-
phier en fermant unœil et en lorgnant par un trou de serrure ?
Pour moi, un appareil photo n’est pas un fusil à lunette.
Être présent, regarder directement est une façon d’échapper
au voyeurisme. Ensuite, chaque photo me prend entre 12 et
15 heures de travail pour le premier tirage. Je suis complète-
ment présent, j’illumine, je noircis, je blanchis et je dessine
des masques. Je dois vraiment toujours trouver ce noir
«Si le monde des peintres est celui de la couleur, le noir et blanc en photographie s'en tient
à la valeur ; celle de la vraie lumière qui sait faire parler les ombres, donner leur épaisseur
aux choses sans les reproduire ni les imiter».
Photographie
Touhami Ennadre,
le noir originaire de la photographie
Entretien avec François Aubral
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