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(
artabsolument
)
no 16 • printemps 2006 page
55
signatures anonymes destinée à s’enfoncer progres-
sivement pour ne plus laisser au sol de la ville de
Harbug que la marque de son “n’être plus”. Qu’on
songe encore à cet autre mémorial, œuvre du même
artiste : une grande place de facture classique devant
le château de Saarbrücken, rebaptisée “Place du
monument invisible”, pour avoir été recouverte de
pavés sous lesquels de chaque a été gravé un nom
figurant autrefois sur l’une des pierres tombales d’un
cimetière juif. Par ces propositions formelles, qui
visent toutes à l’intériorisation du mémorial, les
artistes cités ont manifesté leur volonté de rendre la
mémoire à son intériorité. On dira : n’est-ce pas là
des options dictées par leur engagement antérieur
dans l’art conceptuel ? On dira encore : le vide, la dis-
parition, l’absence, ne sont-ils pas ici affaire de parti
pris tout autant formel que théorique dans l’aventure
de l’art ? Peut-être. Mais il se trouve que la mise au
service de la mémoire de la Shoah d’un art qui s’em-
ploie à déjouer les séductions faciles du voir, comme
l’art conceptuel, s’avère particulièrement féconde à
induire le recueillement.
Le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah.
Paris.
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