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page
38
(
artabsolument
)
no 16 • printemps 2006
Karim Ghaddab : En voyant ta dernière exposition à la
galerie Zürcher, deux choses m’ont particulièrement
frappé. La première, c’est l’utilisation que tu fais
d’imagesmédiatiques qui ne sont pas issues de films de
fiction (comme les images pornographiques de ta série
XTZ
), ni des plateaux de télévision (séries
Studio
ou
Visiotime
), mais de repor-
tages d’informations. Je
pense en particulier aux
scènes de torture d’Abou
Ghraïb et de Guantanamo,
où les corps sont
ravalés
(c’est-à-dire décapés, au
Kärcher par exemple) au
rang de figures anonymes
(uniforme orange des pri-
sonniers, ou sac noir sur
la tête). Que se joue-t-il
entre occultation, exhibi-
tion et altération de telles
images? Par ailleurs, j’ai
bien sûr remarqué
Studio 1
et son parallèle évident avec
Les Ménines
de Vélasquez. Le miroir reflétant le couple
royal est remplacé par un écran montrant un présenta-
teur de télévision, tous les personnages ont disparu, y
compris le peintre. Ne reste qu’une énigmatique figure
dedos, nue,mains sur la tête, commepour une fouilleau
corps. Y a-t-il continuité (sinon communauté) d’espace
entre l’histoirede lapeintureet les images télévisuelles?
Philippe Hurteau : L’autre jour, le directeur d’un
important musée est passé voir cette exposition à la
galerie. Il a fait un petit tour rapide et il a dit : “c’est un
travail sur l’image”. Ça avait l’air de l’intéresser
moyennement... du moins c’est ainsi que l’a inter-
prété mon galeriste. Cette petite anecdote pour mon-
trer un malentendu. Mon
travail n’est absolument
pas un travail sur l’image,
mais avec l’image… J’ai
pris ce “tournant de
l’image” il y a mainte-
nant plus de 10 ans, avec
la série
Télévision
. À
l’époque aussi ça avait
provoqué quelques mal-
entendus (entre nous, tu
remarqueras d’ailleurs
que c’est devenu plutôt
courant depuis de pein-
dre des écrans). Depuis,
d’autres éléments, le dialogue avec Stéphanie Katz
par exemple, sont venus nourrir ma réflexion (1).
J’ai compris plus tard ce qui me retenait vraiment
dans ces images télévisuelles : c’était un rapport
nouveau de la figure avec l’espace dans lequel elle
s’inscrit. Quand la figure, comme dans la météo par
exemple, est elle-même devant une image (cartogra-
phique). C’est-à-dire que je voulais montrer cette
Peintre travaillant à partir des dispositifs de l'image télévisuelle, Philippe Hurteau élabore
un rapport nouveau de la figure avec l'espace dans lequel elle s'inscrit.
Peinture
Philippe Hurteau, la peinture
dans le studio global
Entretien avec Karim Ghaddab
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