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(artabsolument ) no 16 • printemps 2006 page 73
A r t i s t e s e n A l s a c e
art pictural en devient complexe, difficile à saisir, à la
fois pétrifié et vivant – ce qui intrigue et fascine.
On a souvent comparé Ingres aux peintres antiques,
affirmant que le goût des œuvres idéales grecques
est la base de son art.
Cependant, grâce à cette sélection de dessins, l’ar-
tiste apparaît ici, à la suite de l’exposition Picasso
Ingres du musée Picasso, beaucoup plus moderne
que dans ses œuvres “officielles”.
Ingres, chercheur, penseur, novateur, hésite, se
reprend, s’interroge, accumule les essais visuels : sa
main devient le prolongement de l’esprit qui vaga-
bonde – crée. Fasciné par le corps morcelé, les distor-
sions anatomiques, il se révèle étonnamment
audacieux dans ses dessins en forme d’esquisses qui,
rappelons-le, n’étaient pas destinés à êtres montrés.
Ingres qui, commemalgré lui, ouvre la voie à lamoder-
nité – aux collages des surréalistes et des cubistes. I
Étude de pieds et de mains pour la Vierge du vœu de Louis XIII.
1820-1824, mine de plomb et estompe, rehauts de craie blanche sur papier bleu.
Montauban, Musée Ingres.