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28
(
artabsolument
)
no 15 • hiv er 2005/06
Philippe Piguet :Dessin, vidéo, installation : depuis une dizaine d’années
qu’il est apparu sur la scène artistique, tout votre travail porte sur l’indi-
vidu, l’identité, l’altérité. La vidéo en est tout à la fois le prétexte et le
moyen. Est-ce un médium que vous avez toujours pratiqué ?
Isabelle Lévénez : Comme beaucoup d’artistes de ma génér ation, j’ai
commencé par faire de la peinture puis je me suis intéressée à la vidéo
dès qu’on a disposé d’un équipement aux Beaux-arts. Le changement a
été radical : j’ai aussitôt abandonné couleurs et pinceaux et je me suis
totalement consacrée à l’image filmée.
Philippe Piguet : Qu’est-ce que la vidéo vous permettait de faire que la
peinture ne vous offrait pas?
Isabelle Lévénez : Cela me permettait de travailler simultanément le mou-
vement, le temps, l’espace et le son, ce que je ne pouvais pas faire en pein-
ture. De plus, comme je cherchais à travailler sur le mode du palimpseste
en réalisant toutes sortes de superpositions, en accumulant trames et
couches les unes sur les autres afin de montrer le processus se mettre en
place, voire pouvoir l’effacer et revenir dessus, la vidéo s’avéra être l’outil le
Je me souviens de sa surprise lorsque je l’ai amenée à prendre conscience de la force de signification de ses initiales.
Je me souviens de la projection de cet aveugle tâtonnant les murs du Credac en quête d’une possible sortie.
Je me souviens de
Survie
, du balancement d’un corps à sa perte et de ses paroles déformées comme un
râle désespéré.
Je me souviens d’un dessin figurant deux êtres enlacés partageant le même souffle.
Je me souviens de la pr ojection de cette femme au balcon d’un petit hôtel populair e, dans le quartier du
Marais, cherchant en vain à se faire entendre.
Je me souviens de cette figure masculine coincée sous le plateau d’une table en bois sur laquelle était inscrit:
“Qui a peur du grand méchant loup”.
Je me souviens de ce cou lisse et vernissé qu’une main étrangère ne savait plus si elle le caressait ou si
elle l’étranglait.
Je me souviens d’un clown inquiétant, bleu, blanc, rouge, qui ne cessait de répéter : “Je tu il”.
Je me souviens de cette main en gros plan au creux de laquelle était comme gravée d’une main maladroite
l’inscription : “Te coudre la bouche”.
Je me souviens d’IL sans avoir vraiment jamais su si c’était elle – et réciproquement.
Vidéo
Isabelle Lévénez, l'autre est un je,
et réciproquement
Entretien avec Philippe Piguet
Isabelle Lévenez.
Angélique.
Dessin encre aquarelle, 110 x 80 cm,
2005. Courtesy Galerie Anton Weller.
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