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artabsolument
)
no 12 • printemps 2005 page
19
dans les années 1980, mais on m’a refusé l’accès tant
au Grand Palais qu’au Palais de Tokyo.
Philippe Piguet : En quoi ces lieux-là vous intéres-
sent-ils particulièrement ?
Georges Rousse : Tout mon travail repose sur un cer-
tain nombre de critères fondamentaux qui sont la
lumière, la mémoire et l’espace. Des lieux aussi for-
tement marqués que les musées ou que le Grand
Palais par exemple – c’est-à-dire qui ont une charge
historique et dont l’architecture est l’une des pre-
mières qualités – ne peuvent évidemment que m’in-
terpeller. Ce sont là des enjeux auxquels j’ai une
irrésistible envie de me confronter. Leur dimension
patrimoniale, leur rapport à l’histoire, à l’espace et à
la monumentalité excitent mon imaginaire d’autant
que je cherche à les saisir à un moment donné qui est
transitoire. Entre deux états. Aussi l’image que je
souhaite faire n’aura-t-elle d'autre existence qu’à
travers la photographie. En fait, ce que je montre de
ces espaces n’existe pas, ou tout du moins n’existe
que comme un geste artistique.
Philippe Piguet : Par rapport à sa charge historique
ou à sa dimension culturelle, le fait d’intervenir dans
un lieu comme un musée infléchit-il votre travail
dans un sens plutôt que dans un autre ?
Georges Rousse : Sans aucun doute puisqu’un
musée, c’est un espace qui a été élaboré pour rece-
voir la lumière dans le but de montrer des œuvres et
d’établir une relation du regardeur à l’œuvre et à
l’espace. Or c’est ce qui fonde la nature même de ma
démarche. Cela produit donc chez moi quelque chose
qui va dans le même sens…
Philippe Piguet : Jusqu’à ce que cela interagisse
dans le choix même de l’image que vous avez décidé
de réaliser à l’intérieur de cet espace ?
Georges Rousse : Ça peut se trouver en effet. J’ai par
exemple réalisé en Israël une œuvre dans un musée
situé dans un kibboutz et qui avait été créé par un
architecte du Bauhaus venu s’y réfugier juste avant la
guerre. C’est un musée tout en lumière zénithale avec
un toit percé de verrières et un faux plafond dont la
forme étoilée fait tomber la lumière en cascade sur les
cimaises. Quand on rentre à l’intérieur, on a l’impres-
sion d’être complètement immergé dans la lumière et
cela crée une incroyable relation émotionnelle à l’es-
pace et aux œuvres qui y sont exposées. Quand j’ai
Clichy II.
1999.
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