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page
72
(
artabsolument
)
no 12 • printemps 2005
Art Absolument : On sait que le vitrail vient du Moyen-
Orient avant de se développer dans l’architecture
romane ou gothique. À votre avis, l’émergence de ce
médium est liée à quelle nécessité ?
Gilles Rousvoal : L’origine du vitrail vient en effet du
Moyen-Orient. Il va se développer progressivement, à
mesure que se répand la chrétienté, dans toute
l’Europe occidentale. Peut-être, ce n’est qu’une pro-
position, pour des raisons liées au contexte géogra-
phique, à une certaine qualité de lumière (de quête de
lumière). En Orient, la lumière est extrêmement
contrastée, les formes de l’architecture sont souvent
organisées pour se protéger de la lumière, les ouver-
tures garnies de verres colorés étaient souvent dou-
blées à l’extérieur par un claustra. En Europe du Nord
(Angleterre, Allemagne ou France), où le vitrail s’est
particulièrement développé, on peut imaginer que la
douceur de la lumière lui a convenu. Le second point
est la nature même de cette architecture comme une
unité de lieu qui fait que finalement, un espace entier
qui dispose d’ouvertures sur l’extérieur va permettre
de capter la lumière d’une façon tout à fait extraordi-
naire et de la transformer véritablement (une sorte
de
camera obscura
). Durant la période romane, où
l’étroitesse des ouvertures contraste avec la masse
opaque des murs, la lumière est aiguisée par ces
ouvertures et peut être figurée de manière tout à fait
remarquable jusqu’à colorer la lumière même de
l’espace. Le dernier point évidemment, c’est l’image,
la représentation et la souplesse que va permettre le
vitrail par la pertinence de sa technique, l’assem-
blage en mosaïque de différents verres, mais aussi
l’apport de la peinture sur le verre qui permet d’expri-
mer les détails infiniment complexes. Les vitraux les
plus anciens qu’on connaît portent déjà des éléments
de peinture, en particulier le vitrail dit
du Christ de
Wissembourg
au musée de l’œuvre Notre-Dame à
Strasbourg, qui est une pièce peinte représentant un
visage de Christ..
Art Absolument : Pensez-vous que, dès la période
romane, il y ait un programme, une iconographie ?
Gilles Rousvoal : Oui, l’image est une des vocations
première du vitrail et c’est le programme iconogra-
phique qui commande son aspect formel. Je reste
réservé sur la compréhension ou la lisibilité des
images. Mais peu importe, le contenu était là.
Finalement, une fois qu’on a mis quelque chose à un
endroit, même si cela n’est pas visible, lisible au
premier degré, cela participe du sens par sa forme
et par le fait même que cela existe. Il y a donc une
commande très précise où le clergé joue un rôle sur
le devenir formel du vitrail. Et l’artiste qui intervient,
car il faut bien parler d’artiste, va trouver non pas
une contrainte, mais une forme de liberté, une
forme qui va révéler du sens.
Art Absolument : Y-a-t-il des liens entre l’enlumi-
nure et le vitrail ?
Gilles Rousvoal : Oui, de toute évidence, la manière de
traiter de façon relativement simplifiée, de donner aux
visages des personnages une expression un peu sté-
réotypée leur conférant un caractère d’universalité
Le vitrail ou l’enluminure en grande dimension et
in situ
. Le vitrail ou la recherche de la couleur
et de la lumière. Le vitrail et l’art contemporain : ces pages sont dédiées à AurélieNemours qui,
femme de foi et artistemajeure, sut faire du vitrail un art d’aujourd’hui.
Rencontre
Le vitrail et l’art contemporain
Entretien avec Gilles Rousvoal, maître verrier aux Ateliers Duchemin
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