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36
(
artabsolument
)
no 12 • printemps 2005
Il y a onze ans, le 7 avril 1994 marquait le début du génocide rwandais. En quelques mois
seulement périssent plus d’unmillion de personnes. Témoin de ce crime demasse, Alfredo
Jaar a consacré de nombreuses années au “Projet du Rwanda” (1994-2000) qui s’élève
contre le déni, l’oubli et l’inertie internationale qui ont permis son déroulement.
Mémoire
Alfredo Jaar, les images du silence
Par Soko Phay-Vakalis
Le génocide rwandais
Alfredo Jaar arrive au Rwanda en août
1994 où il ne peut que constater l’étendue
de la terreur et des crimes perpétrés par
les autorités politiques et religieuses.
Celles-ci ont orchestré, depuis de nom-
breuses années déjà, le massacre des
Tutsis au nom de “l’autodéfense civile”.
Leur programme génocidaire vise à
détruire non seulement l’identité ethnique,
mais aussi tout lien d’amour, de relation
avec une terre, une famille ou un village. Il
transforme des individus en une masse
anonyme, privée d’histoire et de parole.
L’abêtissement fait partie de la campagne
d’extermination et de négation de l’Autre
dans son humanité. Or, une humanité
réduite à une espèce animale ne peut plus
attirer l’attention, laissant à loisir les bour-
reaux abattre les hommes comme du
bétail. La violence génocidaire ruine égale-
ment l’image que chacun se fait de son
corps sexué : ici, la fascination esthétique
affectée au corps “tutsi” s’est transformée
en haine implacable. Parce qu’ils sont
grands, élancés, appartenant à une élite
prestigieuse et redoutable – fantasmes
véhiculés par les premiers missionnaires
et nourris par les anciens colonisateurs –,
ils sont exécutés froidement à coups de
Rwanda, Rwanda.
1994, offset. Série limitée à 100 exemplaires.
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