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30
(
artabsolument
)
no 12 • printemps 2005
Marc Desgrandchamps peint des grandes compositions habitées de figures hiératiques,
des objets du quotidien, des paysages denses, des montagnes, des plages… Inclassable,
son style oscille entre une figuration “fantomatique” et une abstraction “fluidique”.
Conversation à bâtons rompus entre l’artiste et Benoît Decron, conservateur du Musée de
l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables-d’Olonne.
Rencontre
Marc Desgrandchamps, au-delà
de la mélancolie
Entretien avec Benoît Decron
Benoît Decron : J’ai relevé dans un entretien récent
que “vous travaillez avec des restes”. On vous pro-
pose l’étiquette de “peintre néo-classique” associée
aux peintres comme Carrà ou Beckmann qui, pour
moi, apparaissent plus comme des artistes d’avant-
garde successifs, comme des évolutions. Alors
“accommoder les restes”, en quelque sorte, est-ce
que ça veut dire un emprunt comme des destructura-
tions, reprendre des éléments, ou est-ce jouer avec le
hasard? Est-ce que tout cela est organisé ?
Marc Desgrandchamps : Une organisation, je ne sais
pas, mais pour revenir à ce qui a été dit sur les “néo-
classiques” par rapport à des gens comme
Beckmann ou Carrà, le terme est trop réducteur. On
voulait plutôt faire allusion à un climat des années 20
que certains ont qualifié de “retour à l’ordre”, mais il
est bien évident que des personnalités comme Carrà
ou Beckmann dépassent largement ce type de cir-
constances historiques. Quand je dis “travailler avec
les restes”, ce ne sont pas seulement les restes de la
peinture, mais les restes de la représentation, ce qui
nous reste du monde. C’est à dire une tentative de
représentation du monde, et d’une certaine façon,
qui dit tentative, sous-entend l’idée d’échec ou de
difficulté. Où la chose s’organise, elle s’organise
entre un maintien de la représentation et, en même
temps, une précarité de cette représentation. Cette
espèce d’ambivalence, voire d’antinomie, entre une
figure qui est maintenue et une figure qui est sapée,
attaquée, rongée par la matière même qui la consti-
tue, qui est la matière picturale en l’occurrence,
extrêmement diluée, que j’utilise.
Benoît Decron : J’ai préparé un quiz de quelques
peintres auxquels on vous a comparé et peut-être
pense-t-on que vous avez pu vous y intéresser.
Commençons par ce qui est peut-être le plus attendu
quand on parle de votre travail, Max Beckmann bien
entendu. Max Beckmann rigueur et retour de la figure !
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