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(
artabsolument
)
no 12 • printemps 2005 page
9
superpositions de terrasses, à des minarets
brodés à jour, à des perspectives de colonnades
infinies. Il n’y a rien de tout cela dans la réalité ;
au-dehors, l’on ne voit que de grosses tours
massives couleur de brique ou de pain grillé,
bâties à différentes époques par les princes
arabes ; au-dedans, qu’une suite de salles et de
galeries décorées avec une délicatesse extrême,
mais sans rien de grandiose. Ces réserves
prises, continuons notre route.
Quand on a passé la porte des Grenades, l’on se
trouve dans l’enceinte de la forteresse et sous la
juridiction d’un gouverneur particulier. Deux
routes sont tracées dans un bois de haute futaie.
Prenons le chemin de gauche, qui conduit à la
fontaine de Charles Quint ; c’est le plus escarpé,
mais le plus court et le plus pittoresque. Des ruis-
seaux roulent avec rapidité dans des rigoles de
cailloutis et répandent la fraîcheur au pied des
arbres, qui appartiennent presque tous aux
espèces du Nord, et dont la verdure a une vivacité
bien délicieuse à deux pas de l’Afrique. Le bruit de
l’eau qui gazouille se mêle au bourdonnement
enroué de cent mille cigales ou grillons dont la
musique ne se tait jamais et vous rappelle forcé-
ment, malgré la fraîcheur du lieu, aux idéesméri-
dionales et torrides. L’eau jaillit de toutes parts,
sous le tronc des arbres, à travers les fentes des
vieux murs. Plus il fait chaud, plus les sources
sont abondantes, car c’est la neige qui les ali-
mente. Ce mélange d’eau, de neige et de feu, fait
de Grenade un climat sans pareil au monde, un
véritable paradis terrestre, et, sans que nous
soyons More, l’on peut, lorsque nous avons l’air
absorbé dans une mélancolie profonde, nous
appliquer le dicton arabe :
Il pense à Grenade
.
Au bout du chemin, qui ne cesse de monter, on
rencontre une grande fontaine monumentale qui
forme épaulement, dédiée à l’empereur Charles
Quint, avec forces devises, blasons, victoires,
aigles impériales, médaillons mythologiques,
dans le goût romain allemand, d’une richesse
lourde et puissante. Deux écussons aux armes
de la maison de Mondejar indiquent que don
Luis de Mendoza, marquis de ce titre, a élevé ce
monument en l’honneur du César à barbe
rousse. Cette fontaine, solidement maçonnée,
soutient les terres de la rampe qui conduit à la
porte du Jugement, par laquelle on entre dans
l’Alhambra proprement dit.
John Frederick Lewis.
Vue de l’Alhambra.
1833, gravure, 20 x 26 cm.
Salle du Trône du palais des sultans
(détail).
Panneau de faïence polychrome (Zellij).
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