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          septembre 2008
        
        
          numéro 26
        
        
          
            Désintegrateur mystique d’ordures, Seconde Life.
          
        
        
          Galerie Entropyart, Naples, 2008.
        
        
          ÉTHIQUE ET ESTHETIQUE
        
        
          Pierre Restany, dont on ne déplorera jamais assez la
        
        
          disparition, avait déjà noté, en sentinelle qu’il était de
        
        
          l’art, le déplacement de l’esthétique vers l’éthique en ce
        
        
          début du XXI
        
        
          e
        
        
          siècle. Le remplacement des catégories
        
        
          du beau vers celle de la Vérité avec un grand V.
        
        
          Je lui cède volontiers la parole ici pour qu’il qualifie ma
        
        
          démarche, mieux que ne le ferait personne, dans son
        
        
          rapport quasi organique de l’esthétique à l’éthique :
        
        
          “Forest, j’en sais quelque chose, pour avoir collaboré
        
        
          avec lui à plusieurs reprises. Ce sens de l’humain,
        
        
          chez Forest, au-delà des bonheurs de l’intuition,
        
        
          c’est un supplément d’âme qui passe dans le son et
        
        
          dans l’image. C’est de la poésie encore… Au sein des
        
        
          technologies galopantes, au moment où le processus
        
        
          technique atteint des zones d’immatérialité fascinante,
        
        
          mais aussi combien dangereuse pour un équilibre de
        
        
          la conscience, alors il est indispensable que l’homme
        
        
          reste au cœur de toute cette évolution et de toute la
        
        
          science en général. Son esthétique de la communica-
        
        
          tion débouche sur un humanisme collectif de masse
        
        
          dans les réseaux qui est la clé intégrale de notre propre
        
        
          salut terrestre et cosmique.”
        
        
          temps que celui de l’imaginaire. L’artiste comme on le
        
        
          fait avec un levier, un pinceau, un burin, un ordinateur,
        
        
          travaille cette ouverture et s’approprie tous les maté-
        
        
          riaux qu’elle laisse filtrer.
        
        
          Il créeet agence leurs formes, élimine le trop-plein, rabote
        
        
          ce qui dépasse et, ce faisant, détermine un vocabulaire
        
        
          (son vocabulaire) qu’il aménage dans une architecture qui
        
        
          deviendra son langage. Ce qui ne se désignait que sous
        
        
          le nomd’utopie devient objet matériel oumental, l’utopie
        
        
          est là, sous nos yeux, devenue réalité.
        
        
          ENTRE ENTROPIE ET NÉGUENTROPIE : L’UTOPIE
        
        
          Entre unmonde qui s’organise en se fermant toujours un
        
        
          peuplus sur lui-même, à chaque phase successive de son
        
        
          évolution, et un monde qui s’anéantit sans cesse dans
        
        
          le mouvement irréversible de la dilution, réside celui de
        
        
          l’émergence et de la complexité, réside celui de l’utopie.
        
        
          Entre chien et loup, l’artiste, le créatif, l’innovant, intro-
        
        
          duit un coin qui tout simplement ouvre une autre porte
        
        
          pour percevoir différemment, pour sentir et compren-
        
        
          dre autrement. Cette porte, c’est la projection d’une
        
        
          vision neuve qui n’a d’autre support dans un premier
        
        
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