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Henry Moore
les noces de la pierre
et de l’espace
Une fusion dans le paysage
La majorité des œuvres exposées viennent de
la Henry Moore Foundation de Perry Green,
un musée en pleine campagne à quelque cin-
quante kilomètres de Londres où les sculptures
sont posées comme tout naturellement sur du
gazon, au milieu des moutons et où se trouve
encore son atelier. Pour Moore, « la sculpture
est un art de plein air », et à Landernau, pour
évoquer l’atmosphère champêtre de son lieu de
travail, plusieurs pièces se trouvent bien visibles
à l’extérieur. À l’entrée, sur le parvis du fonds
Leclerc, trois bronzes monumentaux symbo-
lisent les grandes préoccupations du maître :
une femme à l’enfant, une belle figure allongée
et une imposante forme sphérique trouée en
son milieu et au titre tout surréaliste de
Locking
Piece
– «Sculpture fermant à clef ». Sur le quai
du Léon s’impose une de ses figures caractéris-
tiques : une monumentale silhouette féminine
abstraite entrecoupée de vides qui accaparent
l’espace et donnent un aspect fantastique à
l’œuvre ; face à la mairie trône une grande
Arche
en fibre de verre ; sur la rive du Penfeld
aux Ateliers des Capucins de Brest, un colossal
bronze d’un personnage allongé tranché en son
milieu. Michel-Édouard Leclerc insiste : «C’est
une vraie gageure pour notre fondation que de
pouvoir porter un projet d’une si grande enver-
gure! C’est grâce à Jean-Louis Prat que la Henry
Moore Foundation nous a ouvert ses portes, lui
à qui l’on doit l’historique rétrospective Henry
Moore à la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-
Vence en 2002. »
Henry Moore
Fonds pour la culture Hélène & Édouard Leclerc, Landerneau
Du 10 juin au 4 novembre 2018
Commissariat : Christian Alandete,
Sebastiano Barassi et Jean-Louis Prat
Figure.
1933-34, pierre de Corsehill, 76,2 cm.
Collection privée.
PAR RENAUD FAROUX
Tous les grands musées du monde possèdent
des œuvres de Henry Moore. Si l’artiste a atteint
les sommets de la réputation internationale, ses
œuvres restent assez peu vues en France. Autant
dire le grand intérêt de la rétrospective présentée
par le fonds Leclerc, qui ne se limite pas à une
simple exposition entre les murs du musée mais
présente des pièces monumentales dans les
villes de Landerneau jusqu’à Brest. Elles fascinent
les passants en inscrivant leurs silhouettes
spectaculaires hors les murs où le ciel, la mer, les
arbres et les bâtiments servent de toiles de fond
à leur déploiement. Ce mariage entre l’espace
des Capucins où sis le fonds Leclerc et la ville,
l’atelier et le paysage, illustre à merveille les désirs
du sculpteur, qui affirmait : « Je préfère voir ma
sculpture dans un paysage, même indifférent,
plutôt que dans le plus beau bâtiment… »
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