Art Absolument 83 - mai/ juin 2018 - Aperçu - page 25

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l’optique et presque étourdi par la multi-
tude des aspects », fait-il dire par la voix
du narrateur de
Jésus-Christ en Flandres
.
Établissant ces récits dans l’immensité
sans âge de fjords norvégiens ou l’adoles-
cence tourmentée, l’homme à la canne de
dandy souscrit à sa manière à la pensée de
Burke qui note, au siècle précédent, que
« le sublime dépend d’une modification
de la douleur et de la terreur ». La pein-
ture d’Alkis Boutlis, qui doit largement
aux visions méditatives et blafardes de
se déliter propre au Grec. Car ces images
ne sont jamais vraiment fixées, que ce soit
leur iconographie trouble où s’abîment les
personnages du romancier ou les paysages
crépusculaires peints à l’huile sur des cli-
chés-verre, ces papiers photographiques
noircis par la lumière. De fait, Alkis Boutlis
ramène à la vie une esthétique d’outre-
monde et Dominique Gagneux a bien
raison de le comparer à Alfred Kubin, qui
écrivait en 1938  : « j’ai un peu l’impression
d’être un anachronisme ».
Tom Laurent
Caspar David Friedrich et Carl Blechen et
au « beau bizarre » que Baudelaire décèle
chez Goya ou Delacroix, en prolonge la
quête. À la maison de Balzac, écrits de
l’ancien résident et œuvres de l’invité se
frottent en ouvrant différentes portes.
Dans ses figures, Boutlis associe perpé-
tuellement celles que lui commande la
lecture du passé  : Louis Lambert, double
de l’adolescence de Balzac, prend les
traits de l’
Homme blessé
, autoportrait de
Courbet, avec cette carnation qui semble
Alkis Boutlis et Balzac. Penser, c’est voir !
Maison de Balzac, Paris. Du 29 mars au 1
er
juillet 2018
Atopia II
. 2017, huile sur toile, 100 x 125 cm. Courtesy de l’artiste et galerie Suzanne Tarasiève, Paris.
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