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Un souffle nouveau gagnerait-il l’art contemporain?
En 2017, la Documenta de Kassel et la Biennale
de Venise tressent des couronnes aux artistes
du textile, de même à Paris avec
Inextricabilia
à
la Maison Rouge ou la rétrospective Sheila Hicks
au Centre Pompidou. À son tour, pour sa huitième
exposition à l’Isle-sur-la-Sorgue, la Fondation Datris
a réuni 71 artistes sur le thème
Tissage, tressage,
quand la sculpture défile
– un foisonnement de
sculptures molles de laine ou coton, de torsades
en sarabandes, d’installations de fils entrelacés,
et de toiles en révolution avec les artistes issus
de
Supports/Surfaces
. Et le
fiber art
étend
désormais sa toile aux réseaux rhizomiques des
imprimantes 3D. Tissant et tressant l’histoire, des
rituels magiques, des revendications existentielles,
ces œuvres redessinent les rapports au monde, à
l’espace et au temps.
PASCALE LISMONDE
« L’idée de cette exposition est ancienne »,
explique la directrice Danièle Kapel-Marcovici
1
,
qui aime l’approche sensible et sensuelle de ces
fils et fibres par certains artistes contemporains.
Tels Caroline Achaintre dans sa pièce
Brutus
,
Joana Vasconcelos dans
Robinette
ou Nick Cave
dans
Sound suit
– un artiste afro-américain de
New York, peu exposé en Europe et dont les
VILLA DATRIS
L’art de la fibre
Tissages, tressages,
métissages, réseaux…
Tissage, Tressage… quand la sculpture défile
Fondation Villa Datris, L’Isle-sur-la-Sorgue
Du 19 mai au 1
er
novembre 2018
sculptures de couleurs vives font danser leurs
torsades de laine et coton. L’exploration de ces
pratiques longtemps jugées périphériques ouvre
une fascinante vitalité. Certes, «donner corps à
une matière textile pour confectionner des vête-
ments est une pratique ancestrale et quasiment
toujours dévolue aux femmes», poursuit Danièle
Kapel-Marcovici. De ce fait, quand elles la font