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Par Ulysse Baratin
De plus en plus, l’idée d’exposer de la danse
fait son chemin et paraît moins paradoxale
qu’auparavant. L’irruption de la performance
et sa généralisation ainsi que les décloison-
nements tous azimuts des dernières années
ont contribué à ce processus. Si l’exposition
Danser sa vie
au centre Pompidou en 2012
présentait encore la danse en lien avec les
arts plastiques, les œuvres chorégraphiques
sont à présent accueillies pour leur valeur
intrinsèque. Sans doute faut-il voir dans cette
évolution une manière pour les musées de
renouveler leur image autant qu’une volonté
des chorégraphes de toucher un public autre,
et plus large. Un seul exemple ? Le musée
Picasso accueillait le chorégraphe Rémy Yadan
dans le courant du mois d’octobre. Sans comp-
ter la fondation en 2015 du musée de la danse
de Rennes sous la direction du chorégraphe
Boris Charmatz, qui a eu valeur de révéla-
teur autant que d’impulsion. Deux récentes
expositions à Lyon et à Paris témoignent de la
volonté croissante de démocratisation de cet
art affligé d’une tenace réputation d’élitisme.
Face à l’épineux problème de l’exposition
de la danse, le Louvre comme le musée des
Confluences mettent l’accent sur la pédagogie.
Lyon, avec sa Biennale dédiée et sa Maison
de la danse est donc une ville de danse, la
chose semble entendue. Fidèle à son projet
d’ouverture, le musée des Confluences
participe de cette dynamique en accueil-
lant
Corps rebelles
, un panorama des
chorégraphies contemporaines en colla-
boration avec le musée de la Civilisation de
Québec. Parler ici de « rébellion » semble
bien publicitaire, tant les artistes présentés
sont aujourd’hui choyés par les institutions.
En revanche, tous portent à divers degrés
un propos venant des marges. Dans six
espaces thématiques faits de panneaux
défilent des vidéos où s’alternent interviews
de chorégraphes et séquences dansées.
Self Unfinished
.
Chor graphie et interpr tation de Xavier Le Roy, musique
de Diana Ross. Centre Pompidou, Paris, mars 2000.