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Portant sa mémoire d’Irakien meutri jusqu’à Londres où il vit désormais,
Dia Al-Azzawi conjugue au futur antérieur tout ce que sa « terre brulée et
fertile » a donné de miracles et de tragédies. Comme les anciens symboles
de la Mésopotamie et les élévations de l’architecture islamique, son oeuvre
s’offre en autant de stèles pour l’inconsolable humain, en pionnier de l’art
contemporain dans le monde arabe.
Entretien avec Valérie Didier Hess
I am the cry, who will give voice tome?
Dia Al-Azzawi. Rétrospective, de 1963 à aujourd’hui
Mathaf / QM Gallery Al Riwaq, Doha (Qatar)
Du 16 octobre 2016 au 16 avril 2017
Commissariat : Catherine David
Dia Al-Azzawi
Les piliers de l’art de
Valérie Didier Hess |
Le sous-titre de votre expo-
sition,
From 1963 until tomorrow
, sous-
entend que votre carrière artistique
commence en 1963, un an après votre
diplôme en archéologie de l’université de
Baghdad et l’année précédant vos études à
l’Institut des Beaux-Arts de Baghdad.
Dia Al-Azzawi |
À cette époque, j’étudiais l’ar-
chéologie le matin et l’art le soir. De ce fait,
je connaissais l’influence de l’ancienne civi-
lisation irakienne le matin, et l’influence de
l’art moderne irakien et occidental le soir.
C’est justement le contraste et la combi-
naison des deux qui m’ont rapproché de
Jewad Selim en termes de pensée et de
style. Selim cherchait à faire fusionner la
civilisation irakienne et l’art islamique avec
une approche moderne, faisant occasion-
nellement des allusions à Picasso ou à
d’autres grands artistes occidentaux.
De 1968 à 1976, vous étiez le directeur du
département des antiquités irakiennes à
Baghdad. Cette expérience dans lemonde
des musées a-t-elle influencé votre car-
rière artistique?
Cela m’amuse qu’on me désigne comme
« directeur », car le terme théorique qui
s’applique à ce poste n’était pas mon rôle
Window
. 2000, acrylique sur panneau de bois en relief, 40,5 x 40,5 x 5,5 cm.
Courtesy galerie Claude Lemand, Paris.
Dossier
MÉSOPOTAMIE