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en pratique. Celui-ci consistait à gérer la
diffusion et la présentation des objets d’art
ancien irakiens dans plusieurs musées.
Au cours de cette période, j’ai été amené
à passer un an à Mossoul, dans le musée
récemment érigé, dont les collections
comprenaient principalement des objets
d’Assyrie et de Hatra. L’une de mes autres
responsabilités était de participer aux
fouilles du grand taureau ailé datant du VII
e
siècle, qu’on voit être creusé par un homme
masqué dans la fameuse vidéo diffusée par
l’État islamique. Ils sont filmés dans l’acte
de détruire des sculptures alors que le
maire de Mossoul avait dit qu’elles étaient
toutes des versions en plâtre, ce qui montre
que lui-même n’était pas au courant de ce
qu’il y avait dans le musée. Puis j’ai passé
quelque temps à Hatra, où l’archéologie
irakienne dominait depuis toujours. De
ce fait, il est rare de trouver des objets de
Hatra en dehors de l’Irak, ce qui n’est pas
le cas pour d’autres sites archéologiques,
telle Babylone, dont la majorité du patri-
moine archéologique est dispersée dans
plusieurs musées européens. J’ai égale-
ment travaillé dans le nouveau bâtiment du
musée d’ethnographie de Baghdad pendant
plus d’un an. Je faisais essentiellement le
Man and white Dove
. 1986, acrylique sur terre cuite, 44 x 58 x 8 cm. Courtesy galerie Claude Lemand, Paris.
travail d’un décorateur d’intérieur, puisque
je concevais les vitrines de présentation et
je choisissais leur couleur, puis je comptais
sur d’autres archéologues pour la prépa-
ration des notices et la recherche sur les
objets exposés. Je devais regrouper des
objets anciens provenant de tout l’Irak pour
ce nouveau musée d’ethnographie, ce qui
m’a permis d’être plus attentif au patri-
moine culturel de mon pays, tels les
kilims
et l’art folklorique en général provenant du
sud de l’Irak. Cette expérience a accentué
mon intérêt pour l’art et les légendes folk-
loriques, plutôt que pour l’histoire archéo-
logique et les anciennes civilisations.
Prenons l’exemple de ma série de gravures
qui illustrent le martyr de l’ImamHussein :
ce n’est pas l’aspect religieux du sujet qui
m’a inspiré, je suis plus attiré par l’idée de
représenter ce sujet en tant que légende
folklorique, qui offre ainsi des allusions à
mon patrimoine.
À Salzbourg, en 1975, vous avez découvert
les techniques de la gravure, laquelle est
traditionnellement destinée au grand
public. Et vous avez produit plusieurs
séries de lithographies, ainsi que de nom-
breux livres d’artiste ou
dafatir
. En plus