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          entretien
        
        
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          exposition
        
        
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          peinture
        
        
          | photographie |
        
        
          ailleurs
        
        
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          note d’atelier
        
        
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          domaine public
        
        
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          (
        
        
          artabsolument
        
        
          )
        
        
          no 7    •    hiver 2004
        
        
          Entre photographie plasticienne et reportage, image fixe et animée, art et actualité,
        
        
          Louis Jammes se considère avant tout comme un être humain à la rencontre d’autres êtres
        
        
          humains. Témoignage d’un artiste hors norme engagé  auprès des “perdants” de ce monde.
        
        
          Photographie
        
        
          Louis Jammes, notes de voyage
        
        
          
            Le cri,
          
        
        
          
            Ouganda, 1996.
          
        
        
          Une grande organisation non gouvernemen-
        
        
          tale accepte que je les accompagne dans leur
        
        
          mission d’évaluation et de prévention dans leur
        
        
          lutte contre la pandémie du sida en Afrique.
        
        
          L’Ouganda est alors le pays le plus touché par
        
        
          la catastrophe. Autour du petit village de
        
        
          Kakuto, les malades sont innombrables.
        
        
          Malgré l’isolement, l’information sur la pré-
        
        
          sence des malades arrive à circuler.
        
        
          Après avoir quitté la piste principale, un che-
        
        
          min à peine carrossable serpente sur de
        
        
          nombreux kilomètres à travers la savane.
        
        
          Rendu à quelques mètres de la case, un cri
        
        
          continu, insupportable, à peine rythmé par la
        
        
          respiration, me retourne les sens.
        
        
          Allongée sur la natte, elle est là, posée à
        
        
          même la terre battue.
        
        
          Face à une telle souffrance, lamort sera douce.
        
        
          L’obscurité de la case n’est pas encore celle
        
        
          du tombeau.
        
        
          Comment peindre ce criž?
        
        
          Comment photographier l’irreprésentablež?
        
        
          L’inacceptable, l’inconcevablež?
        
        
          L’instantanéité de la photo devient celle d’un
        
        
          gouffre, d’une éternité.
        
        
          C’était il y a presque dix ans.
        
        
          L’année prochaine, en Afrique, deux millions
        
        
          et demi de personnes vont mourir du sida
        
        
          faute de médicaments.