|     édito     |
        
        
          (
        
        
          artabsolument
        
        
          )
        
        
          no 7    •    hiver 2004    page
        
        
          
            11
          
        
        
          On sait aujourd’hui que la culture en général et les
        
        
          œuvres d’art en particulier ne sont pas suffisantes
        
        
          pour arrêter la barbarie. Mais on sait également
        
        
          qu’elles peuvent se faire le témoin de ce qui s’est
        
        
          déroulé pour que cela n’ait plus jamais lieu – ou plus
        
        
          exactement pour que nombre d’entre nous ait
        
        
          conscience de ce qui s’est passé. Qu’elles sont le per-
        
        
          pétuel combat de la vie (avec, le plus souvent, pour
        
        
          seules armes un pinceau, un stylo ou une caméra)
        
        
          contre la pulsion de mort – le refus de la différence, la
        
        
          haine de soi et de l’autre – qui toujours se love dans
        
        
          l’instrumentalisation idéologique des hommes : car,
        
        
          bien entendu,
        
        
          Guernica
        
        
          – l’œuvre – ne dénonce pas
        
        
          seulement le martyr d’une petite ville espagnole pen-
        
        
          dant la guerre civile de 1936, elle est la preuve concrète
        
        
          que l’irréductible humain perdure.
        
        
          Il est vain d’essayer de comprendre l’émergence de
        
        
          certaines œuvres d’art en nonobstant le contexte dont
        
        
          elles proviennent ; et plus vain encore d’imaginer que
        
        
          les artistes, qui sont des êtres doués  de sensibilité et
        
        
          de raison, ne ressentent pas la souffrance et le scan-
        
        
          dale de certaines situations sans tenter avec leurs
        
        
          faibles moyens (faibles au regard du pouvoir politique
        
        
          ou hégémonique des Maîtres du moment) d’y remédier
        
        
          à leur manière : dans ce numéro d’art absolument, le
        
        
          bruit et la fureur de l’histoire est évoquée. À chaque
        
        
          fois, la
        
        
          réponse symbolique
        
        
          des artistes est certes pré-
        
        
          caire, mais essentielle –
        
        
          vitale
        
        
          :  elle échappe à la table
        
        
          rase des régimes totalitaires (au déni de la civilisation
        
        
          et de la culture qui s’y instaure) ; elle dénonce les lieux
        
        
          communs (la bêtise, la démagogie, l’air du temps) qui
        
        
          pèsent sur toute société basée sur l’assentiment du
        
        
          plus grand nombre ; elle fait reculer toute pensée
        
        
          unique, toute prérogative, toute exclusion.
        
        
          Elle est à la fois dénonciation et témoignage, mais
        
        
          aussi baume, espoir, ouverture.
        
        
          Pascal Amel
        
        
          Éditorial
        
        
          
            De l’histoire de l’art considérée comme une branche de l’histoire ?
          
        
        
          Li Zhensheng.
        
        
          Le petit livre rouge d'un photographe chinois.