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artabsolument
)
no 7 • hiver 2004 page
13
Fromentin, Guillaumet, Dinet et Renoir ont
cherché à traduire cette nouveauté avec un
talent et des moyens inégaux. Ces artistes ont
été confrontés en Algérie à un monde qui les
fascinait, dans lequel ils trouvaient à la fois une
différence radicale et un passé commun à
toute la culture méditerranéenne. On y décou-
vrait, comme le dirait Delacroix, une “forme
d’antiquité vivante”, le vestige, le prolonge-
ment d’un monde et d’une culture qui avaient
été ceux de l’Europe occidentale et avec les-
quels la civilisation industrielle avait rompu.
Mais cette antiquité-là cependant se teinte
aussi d’une étrangeté irréductible. Dans cette
tension se situe le meilleur de l’orientalisme
des années 1830-1890.
Art Absolument : Dans les tableaux quemontre
cette exposition, on distingue souvent des
populations mises en relation avec leurs pay-
sages, leurs rituels, leurs modes de vie, leurs
habitats… On a plus l’impression d’un témoi-
gnage ethnographique que d’une propagande.
Stéphane Guégan : Ce témoignage est, bien
sûr, sujet à caution. Mais tel est le paradoxe
de la colonisation en Algérie : de l’invasion
naîtra une forme d’évasion qui passe par la
découverte et le témoignage.
S’il s’agit de rappeler que cette terre est fran-
çaise, ses populations soumises, le regard
porté est loin d’être toujours négatif. Même
parmi les tableaux qui relèvent vraiment de la
propagande militaire – Vernet, Dauzats ou les
gravures de Raffet –, on sent la fascination
pour les populations autochtones. Sauf dans
la petite imagerie chauvine, l’adversaire est
rarement caricaturé.
Eugène Delacroix.
Femmes d’Alger
dans leur intérieur.
Détail. 1849.
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