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page
62
(
artabsolument
)
no 7 • hiver 2004
L’art de Cécile Bart nous montre les possibles de la surface. La capacité de cette dernière de
faire écran ou architecture. D’être opacité ou transparence. Luminosité ou champ de couleur.
Vacuité ou plénitude. Pour
(art absolument),
l’artiste a choisi de privilégier le lien entre son
œuvre et quelques-uns de ses films préférés de l’histoire du cinéma.
Note d’atelier
Cécile Bart, les visiteurs du jour
Le cinéma est beaucoup plus important à mes
yeux que la photographie, pourtant tout aussi
familière des notions de profondeur de
champ, de mise au point, de focale, de grain
de la pellicule… Sans doute parce que, même
quand le mouvement capté est minime – une
respiration par exemple – ça bouge. Le mou-
vement est encore là dans les plans fixes.
Hitchcock filmait les visages féminins au
ralenti pour rendre encore mieux compte du
battement interne : sous la peau, quelque
chose traverse et affleure l’écran, provoquant
un léger trouble. À propos de la photographie,
Éric Rohmer dit : “figeant le mobile, la pelli-
cule trahit jusqu’à la ressemblance même”
(
Le goût de la beauté
).
La mise en espace des
peintures/écrans
(l’ar-
tefact que j’ai élaboré et que j’utilise) invite au
mouvement, mais le visiteur n’est pas le seul à
endosser la mobilité. Lorsqu’il s’arrête pour
regarder, la lumière naturelle prend le relais,
restitue une vibration proche de celle de l’image
projetée. Le tissu peint est comme une caméra
qui enregistre tout ce qui est derrière ; en
même temps, c’est une surface de projection.
“Parler prend du temps, regarder non” (Serge
Daney).
Je me suis demandée ce qui pourrait tenir
lieu de parole, de récit pour capter le regard,
le modeler, l’étirer, le rendre lent et patient,
l’introduire dans la durée ? Les images ciné-
matographiques se définissent par “le temps
qui est tombé en elles” (jolie formule de
Dominique Païni dans
Le Temps exposé
).
Comment capter du temps et de l’espace sans
avoir recours ni à l’enregistrement, ni
Alfred Hitchcock.
Vertigo
(Sueurs froides).
Alfred Hitchcock.
Psychose.
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