page
18
numéro 25
juin 2008
1 |
Mon peuple
Quand
Hors des jours étrangers
Germeras-tu une tête tienne sur tes épaules renouées
Et ta parole
Aimé Césaire
2 |
L’art du portrait est abordé ici comme une critique
du portrait photographique et pictural, là où la res-
semblance s’installe sous nos yeux et devient lieu de
toutes les interprétations.
Mes portraits sans visage
donnent à voir une trace
ultime, infime ; la ressemblance est occultée totale-
ment. Chez Bacon et chez Picasso, le portrait triture
le visage mais garde malgré tout quelques éléments
du visage réel : nez, bouches, yeux. En pratiquant de
la sorte, ils cherchent incontestablement à inscrire
davantage d’humain, de tragique et de plasticité dans
leurs œuvres respectives. Cette pratique de l’écart
éprouve pleinement le regardeur.
Quand je réalise mes portraits sans visage, je pratique
une reconstitution métaphorique, j’élabore une image
résiduelle qui évoque un être humain qui fut. Les élé-
ments constitutifs de mes reconstitutions de portraits
proviennent de radiographies de corps humains qui
sont traces d’un réel ; elles montrent des images
d’os et l’absence de la chair. L’évidente présence de
Ernest Breleur
EN SAVOIR
Les corps énigmatiques d’Ernest Breleur
.
Dominique Berthet.
L’Harmattan, Les Arts d’ailleurs.
Pages 18 et 19 :
Reconstitution
de portraits
.
2005, radiographies,
collages papier,
48,5 x 35,5 cm chaque.
© Jean-Philippe Breleur
1...,2,3,4,5,6,7,8,9,10 12,13,14,15,16,17,18,19,20