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numéro 25
juin 2008
Horreum.
Greniers souterrains du marché romain, les plus importants
connus en France, I
er
siècle av. J.-C.
L’œuvre monumentale de Jean Dubuffet est présentée, tout l’été, au Palais des archevêques de Narbonne.
Organisée avec le concours de la fondation Dubuffet et de la collection Renault, cette exposition qui rassem-
ble pour la première fois œuvres, études et maquettes, trouve dans le cadre du patrimoine architectural de
l’ancienne capitale romaine l’occasion d’un dialogue magistral et surprenant.
Par Daniel Abadie
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Exposition
Dubuffet architecte
Dubuffet architecte
. Palais des archevêques,
salle des Consuls, Narbonne.
Du 14 juin au 28 septembre 2008.
Commissaire : Daniel Abadie.
ACTU
À droite :
Closerie Falbala.
1971-1973, époxy et béton projeté peints
au polyuréthane, 1610 m
2
. Monument historique
classé en 1998. Fondation Dubuffet, Périgny-sur-Yerres.
Ci-contre :
À gauche :
Castelet L’Hourloupe
(maquette).
7 mai 1968, époxy peint au polyuréthane, 100 x 125 x 100 cm.
Collection fondation Dubuffet, Paris.
Dubuffet architecte
. Titre surprenant, voire provocant.
Car si chacun s’accorde à reconnaître en Dubuffet
l’un des peintres majeurs de la seconde moitié du
XX
e
siècle, la dimension architecturale de son œuvre
est moins connue. Elle lui valut pourtant en 1982 la
médaille du American Institute of Architects, seul
honneur qu’il ne refusa pas au cours de sa vie.
C’est la commande en février 1965 de deux peintures
monumentales pour la nouvelle faculté des lettres de
Nanterre, alors en construction, qui amena Dubuffet à
s’intéresser à l’architecture. Dans l’enthousiasme de
cette commande, il chercha d’abord, avec le concours
du céramiste de Fernand Léger, Roland Brice, à
transformer la surface plane en bas-relief. Mais,
lassé d’attendre les confirmations administratives du
projet, le peintre renonça rapidement à poursuivre.
L’œuvre ne vit jamais le jour. L’abandon du projet de
Nanterre entraîna celui du matériau mais non de la
recherche qui entraîna un développement nouveau de
son œuvre. Il étudia d’abord les possibilités du béton
peint avec le sculpteur Amado, et c’est finalement
vers les résines plastiques qu’il se tourna.
Le
Mur bleu
(1967) est la première de ces réalisations
qui affirment clairement que, dans son exploration des
possibilités de
L’Hourloupe
, Dubuffet conçoit désormais
l’architecture commeune finalitéde ce cycle. Ses dimen-
sions impressionnantes – plus de 7 mètres de longueur
et 3,50 mètres de hauteur – font basculer l’œuvre de la
peinture de chevalet dans la
monumentalité
.
C’est avec la commande d’une sculpture pour la
Chase Manhattan Bank à New York (en 1969) que
Dubuffet aborde réellement le travail sur l’espace et
la forme. Sur la petite place encaissée de Wall Street
où l’œuvre doit s’inscrire entre les façades de grat-
te-ciel, la sculpture ne peut se contenter de plans
et exige au contraire l’austère baroquisme de tra-
cés noirs et blancs qui prévaudront également dans
le
Jardin d’émail
construit en 1973-1974 au musée
Kröller-Müller d’Otterlo ou à l’extérieur de la
Villa
et
de la
Closerie Falbala
(1970-1973).
Les “feuillages” du
Groupe de quatre arbres
génèrent,
par la diversité de leurs orientations, leurs imbrica-
tions subtiles, un espace
intérieur
, paradoxal pour
une sculpture de plein air, mais qui est la première
manifestation de la compréhension par l’artiste de
l’espace architectural.