Dans un précédent article sur
Frédérique Lucien, paru en 1996 dans
Le Journal des expositions
, j’écrivais :
«La pratique de Frédérique Lucien est
une pratique difficile. Difficile dans sa
proposition picturale et dans son che-
minement car Frédérique Lucien part
Frédérique Lucien
un “vertige de solutions tremblées”
>
Peinture
d’un objet réel, fleur, tige, follicule et, l’ayant regardé,
dessiné, observé, elle produit un dessin ou une peinture
qui n’est ni tige, ni fleur, ni follicule mais qui est des-
sin et peinture rentrant au plus profond de la matière
des choses pour s’en détourner et n’être que dessin
et peinture, pour rentrer dans la matière du dessin ou
de la peinture
2
. » La suite de l’article était consacrée
à la description de certaines séries de l’artiste : les
Tiges
, les
Follicules
, les
Formes
– séries qui consti-
tuaient le cœur de son travail. Il s’agissait d’exemplifier
mais l’essentiel était, pour moi, déjà là, uniquement
là. La suite ne faisait qu’appuyer. D’ailleurs, j’en reste
à ce “là”. Il me serait difficile, même après plus de dix
ans, de retrancher ou d’ajouter quelque chose à ce
que j’écrivais alors en préambule. Je peux simple-
ment remarquer que si les analogies florales sont
toujours présentes, juste un peu moins insistantes,
c’est qu’il n’y a pas eu rupture, que les enjeux restent
similaires, que ce soient dans les
Archipels
, les
Îles
,
les
Giornati
ou
Simple temps blanc
…
Il serait donc question de dessin et de peinture. Il
serait donc question d’un travail formel, étant entendu
que le formel est aussi, pour reprendre les mots de
l’artiste à propos du dessin, une « élaboration de
contenus
3
». Ce point particulier, je l’avais manqué.
Par Éric Suchère
>
Ci-contre :
Sans titre.
2006, encre sur aluminium découpé, 142 x 114,5.
Double page suivante :
Simple temps blanc.
2006, toiles découpées, diptyque, 500 x 440 cm.
Simple temps blanc.
Toile découpée, un lé de toile, 500 x 220 cm.
Galerie Jean Fournier, Paris.
Sans titre.
2006, encre sur aluminium découpé,
contrecollé sur bois, 98 x 96 cm.
«Ce qui se trouve devant le regard, ce par quoi votre corps tient, ce par quoi il est, ce
par quoi il se situe, ce par quoi une chose vibre, ce par quoi une ligne tremble, ce par
quoi une surface prend sa compacité…»