L’envers des Vanités de Roland Flexner
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Dessin
Après un début remarqué dans les années soixante-
dix, période à laquelle il a exposé à l’ARC plusieurs
centaines de variations sur les
Boîtes
Camel,
Roland Flexner quitte la France en 1982 pour s’instal-
ler à New York où il réside toujours. Cette immersion
au cœur de la scène artistique américaine ne modifie
pourtant en rien les principes esthétiques et éthiques
de son travail : il revisite les fonds d’images de l’his-
toire de l’art, se confronte à la préhistoire visuelle à
travers une élaboration mémorielle, engendrant un
espace d’emprunts, de citations. L’artiste élabore des
tableaux dans lesquels coexistent aplats de couleur
et représentation chargée d’un imaginaire religieux,
à l’instar de la figure du pleurant qui orne les tom-
beaux des ducs de Bourgogne. Flottant dans un
espace monochrome, le drapé informe de la déplora-
tion, sans corps ni visage, incarne à lui seul le sym-
bole universel de la douleur et le signe abstrait de
peinture ; les motifs sont ainsi vidés de leur contenu
anecdotique. Les fragments étant situés hors
contexte, l’artiste déplace les points de vue, renverse
les espaces d’observation familiers en inventant de
nouveaux rapports formels. C’est dans cette pers-
pective qu’il va reprendre à son compte la thématique
classique des vanités pour en faire des signes coupés
de leurs chaînes signifiantes traditionnelles.
La mort comme ultime altérité
Que Roland Flexner dessine des crânes, des sque-
lettes, des supplices médiévaux ou un saint Jérôme
méditant, ces œuvres débordent la seule référence
Par Soko Phay-Vakalis
Artiste connu et reconnu outre-Atlantique, Roland Flexner l’est peu du public français. L’exposition que lui
consacre Nathalie Obadia – avant celle du musée d’Art moderne de Saint-Étienne en 2007 – sera l’occasion de
découvrir le travail singulier de cet artiste rare qui a choisi l’exil : ses dessins ou jeux de renversements des
vanités, à travers les bulles et les empreintes d’encre, évoquent des paysages imaginaires ou des planètes
lointaines, entre géométrie fractale et minéralogie visionnaire.
Ci-dessus et ci-contre :
Sans titre.
2002, encre sur papier, 18 cm x 14 cm.
Exposition personnelle à la Galerie Nathalie Obadia du 21 octobre au 25 novembre 2006
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