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artabsolument
)
no 18 • automne 2006
des collectionneurs d’art contemporain et du public en général. On sent
actuellement unréel intérêt pour cet art et jecroisqueceplaisirde l’atelier,
on leressent enparticulierchez les jeunesartistescontemporains. Ilsn’ont
plus du tout de préjugé vis-à-vis dumultiple, l’estampe est donc un chemin
pour la création contemporaine, et le dialogue qu’ils ont noué avec les
imprimeurs est constant. Il y a, me semble-t-il, dans des ateliers comme
Bordas, Seydoux etWoolworth à Paris, une revanche dumultiple. Les nou-
velles technologies sont un champ d’expérimentation sans fin, mais les
artistes souhaitent des solutions complexes qui demandent un dialogue
constant aveccesateliers.Maispourmoi lesplusgrandessensationsnese
trouvent pas forcément dans la technique, dans l’esprit et la qualité des
artistes qui s’approprient ce langage. Agathe May n’utilise que la gouge
pour réaliser une oeuvre forte et intime à la fois. Ce n’est pas non plus avec
un ordinateur que Georg Baselitz fait éclater les normes de la “gravure” et
que de bonheur dans une petite feuille gravée par Philippe Favier!
AA
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Comment avez-vous procédé pour que joue – sur le thème de l’es-
tampe et des images imprimées – la complémentarité des différents
musées et lieux d’exposition de la région Nord-Pas de Calais ?
DT
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Le projet de réaliser des expositions d’estampes dans les musées du
Nord-Pas de Calais s’est révélé relativement facile à mettre en place.
Créée en 1975, l’Association des conservateurs desmusées duNord-Pas
de Calais est une section fédérée de l’Association générale des conserva-
teurs des collections publiques de France. Elle regroupe près de cin-
quante conservateurs et attachés de conservation travaillant dans les
trente-trois musées de la région. Depuis sa création, elle organise des
actions destinées à faire connaître la richesse et la diversité des collec-
tions. Elle a à son actif seize expositions Trésors des musées du nord de
la France. Maître d’œuvre pour l’informatisation des collections des
musées, l’Association a également entrepris une campagne d’inventaire,
de protection, de restauration, ainsi que de valorisation des collections
conservées dans lesmusées de la région. En 2004, la proposition de valo-
riser les collections d’estampes des musées a fait l’unanimité chez mes
collègues qui ont bien compris l’intérêt de réaliser les inventaires de col-
lections mal connues jusqu’alors. Ce projet a été facilité par la relation
particulièreque j’entretiens avecSophieRaux, chargéede cours sur l’his-
toire de l’art de l’estampe à l’université de Lille III. Elle a séduit de nom-
breux étudiants à l’idée de réaliser les inventaires des collections des
musées du Nord-Pas de Calais. Ces inventaires terminés ont fait appa-
raître des sujets d’exposition spécifique à chaque collection.
AA
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Qu’attendez vous de cette “exposition d’expositions” ?
DT
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J’espère que ces inventaires, ces expositions et les animations autour
de chaque projet donneront envie aux conservateurs de considérer les
estampes comme des œuvres à part entière et qu’ils désireront compo-
ser des collections pour réaliser d’autres expositions. La constitution de
collections dans les musées doit entraîner l’intérêt des artistes pour un
médium qui plait aux responsables des institutions et évidemment aux
publics qui deviendront, pourquoi pas, collectionneurs eux-mêmes.
d’imprimeurs, faute d’artistes pour les
fréquenter, mais il existe de nos jours des
phénomènes de diffusion et de création qui
n’existaient pas auparavant et qui donne-
ront à l’estampeun futur immédiat. Il existe
des centres de création contemporaine
uniquement consacrés à ce médium
comme le Cneai de Chatou ou l’Urdla à
Villeurbanne, ou le Centre genevois de la
gravure contemporaine. Des foires d’art
contemporain fleurissent un peu partout
en Europe et aux États-Unis et donnent
presque toutes une place importante à
l’édition.EnFrance,unmuséecommecelui
de Gravelines, en Belgique, le Centre de
l’image imprimée de la Louvière, ou le
musée Rops à Namur se consacrent uni-
quement à l’édition d’art. On voit fleurir
depuis quelques années des collections et
desmanifestationsautourdu livred’artiste,
comme celles de Saint-Yriex par exemple.
En 1982, à la création du musée de
Gravelines, l’estampe avait une très mau-
vaise réputation auprès des écoles d’art,
Baselitz.
32 Punkte.
1991, xylographie (deux plaques), deuxième épreuve, en
rose brun, sur offset apprêté, reprise par encrage
monotypique en noir et violet, reprise à l’huile diluée, en
rose brun, 200 x 162 cm / 217 x 172 cm. Genève, cabinet
des estampes du musée d’art et d’histoire.
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