ment, et en particulier son chef-de-file Yoshihara Jirô,
ne cessaient d’affirmer qu’il fallait faire des œuvres
toujours nouvelles et intéressantes. Jusqu’ici j’avais
surtout fréquenté l’École supérieure d’art traditionnel
d’Osaka mais grâce à l’enseignement du peintre
moderne Shôsaku Arau j’exprimais toutefois dans ma
peinture mon intériorité assez librement. Cependant,
comme le peintre Sadamasa Motonaga m’incitait ami-
calement à dépasser l’expression formelle de la tradi-
tion, je peux dire que la connaissance de ce nouveau
mouvement m’a stimulé et fait beaucoup réfléchir car
je cherchais encore ma voie.
Bien que j’aie voulu très vite entrer dans le mouve-
ment Gutaï, je savais que, pour cela, il me fallait
encore faire mes preuves. Je me suis mis à expéri-
menter activement. À cette époque, le Japon était en
pleine expansion économique et l’industrie produisait
toutes sortes de matières nouvelles telles que des
peintures pour le bâtiment ou des laques pour l’auto-
mobile, des matières plastiques ou des colles synthé-
tiques. Le jeune artiste que j’étais ne pouvait qu’être
intéressé par tous ces matériaux et j’ai très bien vu le
parti que je pouvais en tirer pour ma création. Je les
ai adoptés dès le début de leur apparition.
Après une période d’expérimentation, au printemps
1962 l’idée m’est venue d’utiliser la colle à bois viny-
lique qu’on pouvait se procurer n’importe où. Je me
suis dit : «Si je verse de la colle sur une toile, il en sor-
tira aumoins quelque chose». J’ai donc préparé 5 kg de
colle de façon à obtenir une pâte assez liquide. Après
avoir versé cette colle surma toile qui était posée à plat,
j’ai obtenu une sorte de crêpe en forme de cercle et,
immédiatement, j’ai retourné la toile pour que la colle
semette à couler. La colle est tombée goutte à goutte et
a fini, en séchant un peu, par se solidifier en formant
des stalactites qui ressemblaient à des pis de vache.
Matsutani par lui-même
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Peinture / Installation
Au tout début de ma carrière artistique,
à la fin des années cinquante, j’ai fait
connaissance avec la pensée dumouve-
ment Gutaï. Les membres de ce mouve-
Issu du célèbremouvement radical et formellement novateur
Gutaï
, Matsutani, artiste japonais qui vit et travaille
à Paris depuis une quarantaine d’années, commente son propre parcours à travers cinq œuvres de son choix.
L’artiste par lui-même. Une œuvre à connaître ou à re-connaître absolument.
Work 66 – life
. 1966, relief vinyle, acrylique
et huile sur canevas, 160,5 x 131 cm.
Ci-contre :
Ku.
1979, 185 x 144,5 cm
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