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page 26 (artabsolument) no 13 • été 2005
À la seule évocation de son nom, une image surgit : celle d’un petit homme, chapeauté et costumé, qui semble
aller d’un pas décidé dans une direction que rien ne précise. Tout à la fois double et témoin du peintre, ce petit
d’homme qui puise ses r acines dans le cœur profond de l’Argentine n’en est pas moins par adoxalement la
figure universelle d’une humanité à la recherche de son identité. La liberté de ton que Seguí s’octroie est à
l’unisson d’une aventure de création qui a toujours refusé de se laisser enfermer dans une catégorie et qui
préfère la petite musique de chambre à l’orchestre symphonique, et la simplicité à la grandiloquence. Attentif
aux problèmes de société, fort d’un humour noir et d’un esprit satirique, l’artiste instruit une écriture pictu-
rale foncièrement originale que singularisent l’expressivité de son graphisme et la force de sa couleur.
Artiste
Antonio Seguí en toute liberté
Entretien avec Philippe Piguet
qui peuplent vos tableaux en sont l’aveu. Cette culture de la
bande dessinée est-elle propre à votre pays d’origine?
Antonio Seguí : Mon travail vient non seulement de la bande
dessinée mais aussi de la caricature politique pour laquelle j’ai
toujours eu un très grand intérêt et dont la tradition était encore
très forte en Argentine quand j’ai commencé à travailler. J’ai
toujours fait beaucoup dedessins, de lithos et de gravures et j’ai
utilisé toutes les techniques graphiques. Si la bande dessinée
est très présente dans mon travail, la caricature politique fait
partie intégrante de mon langage et de mon écriture.
Philippe Piguet :Ce qui caractérise aussi votre démarche, c’est
un sens appuyé de l’humour, dans l’image comme dans le trait.
Antonio Seguí : En effet, je ne puis me priv er d’une certaine
dimension ludique. J’ai besoin d’une certaine charge d’humour.
C’est comme ça. Ça fait partie de ma nature. C’est inné, je crois.
Philippe Piguet : Est-ce qu’il y a quelque chose dans la nature
argentine elle-même qui est favorable à un tel état d’esprit ?
Antonio Seguí : Dans la nature argentine, je ne crois pas. Dans
celle des gens de Cór doba, c’est sûr ! On pourrait même dire
que cela fait partie d’une véritable revendication identitaire.
Quand on me demande si l’Argentine me manque, je réponds
Du 15 juin au 10 octobre 2005. Antonio Seguí.
Centre Georges-Pompidou – Galerie d’Art graphique.
/… | ac tu | …
Seguí.
El Saquito (la Jaquette).
1967, graphite sur papier, 75 x 54 cm. Collection particulière.
Philippe Piguet :C’est un truisme de dire que
la bande dessinée est l’une des sources prin-
cipales de votre peinture. Vous vous en êtes
toujours réclamé et les petits personnages