| édito |
(
artabsolument
)
no 13 • été 2005 page
9
Il existe un tableau de Klee qui s’intitule
Angelus Novus
.
Il représente un ange qui semble avoir dessein de s’éloigner du lieu
où il se tient immobile. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte,
ses ailes déployées.
Tel est l’aspect que doit avoir nécessairement l’ange de l’histoire.
Il a le visage tourné vers le passé.
Où se représente à nous une chaîne d’événements, il ne voit qu’une
seule et unique catastrophe, qui ne cesse d’amonceler ruines sur
ruines et les jette à ses pieds.
Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus.
Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes,
si forte que l’ange ne les peut plus refermer.
Cette tempête le pousse incessamment vers l’avenir auquel il tourne
le dos, cependant que jusqu’au ciel devant lui s’accumulent les ruines.
Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.
Walter Benjamin
(extrait de
Thèses sur la philosophie de l'Histoire
,
écrit au début de 194O).
Éditorial
Paul Klee.
Angelus Novus.
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