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32
(
artabsolument
)
no 13 • été 2005
Créant des œuvres éphémères dans la nature qu’il photographie ensuite, Nils-Udo utilise
les matériaux qu’il trouve là où il intervient. Entretien avec un artiste singulier qui établit
un dialogue entre la main de l’homme et la nature au bénéfice de la beauté.
Artiste
Nils-Udo : l’Art dans la Nature
Entretien avec Alexandra Fau
Alexandra Fau : Pareil au promeneur soli-
taire de Rousseau, vous observez le monde
qui vous entoure et trouvez l’inspiration dans
la nature. Mais, à chaque fois que vous abor-
dez un paysage nouveau, la surprise est-elle
toujours au rendez-vous ?
Nils-Udo : Récemment, j’ai participé au festi-
val de Galway dans le Connemara, une région
riche en lacs et en t ourbières. J’y suis allé
une première fois pour un repérage. J’ai tra-
versé le paysage en m’y promenant. De cette
façon, je récolte des sensations, des idées.
Je découvre la région, ses particularités,
ses données spécifiques. C’es t génér ale-
ment de c ette f açon que j’abor de chacun
des paysages, sans aucune idée pr éconçue.
Je réagis en fonction de ce que je rencontre.
À Gal way, en l ’occurrence, c’ét ait de la
tourbe. Avec cette tourbe, j’ai façonné des
boules placées en strates et un long serpent
qui traverse une vieille maison de pierre du
Connemara, plantée de joncs.
Alexandra Fau : Dans vos installations, on
note une prédilection pour les bois souples et
frêles comme le frêne ou le noisetier. Votre
travail trahit-il un goût pour les espèces rares et méconnues?
Pour la qualité des matières?
Nils-Udo : Cela découle des choses existantes, des éléments
que je rencontre sur place.
Alexandra Fau : Votre geste artistique généralement si ténu, si
fragile répond-il àvotre exigence de respect vis-à-vis de la nature?
Nils-Udo : Je travaille parallèlement à la nature. Je développe
des installations dans le paysage en composant avec les maté-
riaux trouvés sur place. Je ne voudrais pas m’imposer, intervenir
irréparablement dans un site. Je cherche souvent un prétexte
pour montrer ce qui e xiste. Je modifie légèr ement quelque
chose, puis je l’abandonne et la nature reprend le dessus.
Alexandra Fau : Votre œuvre est emprunte d’une grande dou-
ceur, symbole d’un profond respect pour la nature. J’évoque
volontiers c e t erme en ay ant à l ’esprit l es œuvr es de
Smithson, qui violait la nature à coups de bulldozers.
Nils-Udo : C’est cela qui me sépare des artistes du
Land Art
qui ne se sont pas tellement préoccupés de la vivacité, de
l’énergie vitale de la nature. Or le respect va de soi car nous
appartenons à la nature. C’est un respect envers soi-même.
Si je me suis t ourné v ers la natur e, c’es t que j’ai pris
conscience que nous en étions dét achés, que nous avions
perdu tout contact avec elle. La notion d’art était alors passée
à l’arrière-plan. J’ai décidé de m’inscrir e dans l es cycles
naturels en f aisant mes premières plantations. J’avais ce
souci de communiquer avec la nature et de vivre avec.
Alexandra Fau : Vous évoquez votre travail grandeur nature,
mais depuis peu vous vous êtes remis à la peinture après
Du 22 mai au 17 juillet 2005.
Nils-Udo
. Nouvelle Peinture.
Malakoff. La Maison des Arts.
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