Revue Art Absolument N°91 – décembre/ janvier / février 2020 – aperçu - page 9

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ACTUALITÉS
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Il y a un avant et un après le séjour en
Chine pour Henri Cartier-Bresson : telle
est la thèse de Michel Frizot et Ying-Lung
Su, conservateur taïwanais, tous deux
commissaires de cette exposition, après
avoir redécouvert
D’une Chine à l’autre
,
publié en 1954, et un travail consécutif
HENRI CARTIER-BRESSON, MOMENTS CHINOIS
de trois ans de recherches d’archives –
pour certaines encore jamais montrées
au public. Mandaté par le magazine
Life
,
Henri Cartier-Bresson arrive en Chine en
décembre 1948 pour y capturer les « der-
niers jours de Pékin » avant l’arrivée des
troupes maoïstes. Ce travail lui vaudra le
statut de photojournaliste – statut qu’il
ne vivra pas toujours bien : il se retrou-
vera bloqué à trois reprises, et pendant
plus de quatre mois, à Nankin, ce qui lui
permet de suivre le quotidien de la popu-
lation locale. À la recherche d’indice des
mutations de la Chine, le photographe y
met au point sa formule pour « saisir dans
une seule image l’essentiel d’une scène
qui surgissait ». Celle du «
Gold Rush
»
de Shanghai, où se pressent paniqués les
habitants devant une banque pour retirer
de l’or le 23 décembre 1948, en est un
exemple fulgurant. En 1958, il retourne
en Chine afin de documenter le « Grand
Bond en avant », moins de dix ans après la
proclamation de la République populaire
de Chine. Les images qu’il en rapporte
s’inscrivent dans la continuité de ses pré-
occupations politiques – et ce deuxième
voyage s’avère soigneusement organisé et
encadré– mais certaines n’omettent pas
de dire leur vérité critique sur la Chine
maoïste.
CM
Henri Cartier-Bresson – Chine, 1948-1949 I 1958.
Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris.
Du 15 octobre 2019 au 2 février 2020. Catalogue paru chez Delpire – 65 €
En 1994, la première édition de la Biennale
de Bamako s’ouvrait dans un Mali dont le
potentat de Moussa Traoré avait été ren-
versé trois ans plus tôt. On y célébrait la
photographie des maîtres du cru Seydou
Keïta et Malick Sidibé, y primait le jeune
Samuel Fosso et y exposait les photore-
portages de Santu Mofokeng. Vingt-cinq
ans après, dans un contexte où la faiblesse
de l’État profite aux raids islamistes dans
plusieurs parties du pays, cette 12
e
édition
n’en est pas moins ambitieuse. Largement
ouverte aux diasporas, elle part du postu-
lat que «l’Afrique a longtemps cessé d’être
un concept géographique limité à l’espace
géographique appelé Afrique», comme le
note Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, son
BAMAKO,
25 ans de la Biennale de la photographie
directeur artistique. Si l’on peut notamment
y voir les autoportraits datés des années
1950 de Felicia Ansah Abban, pionnière de
la photographie féminine au Ghana, une
exposition y est consacrée, parmi d’autres,
aux déplacements qui forgent la condition
africaine. La Nigériane Yagazie Emezi, par
exemple, rend compte de la scène musi-
cale d’un club au Liberia, «non lestée par le
passé du pays», tandis queMilena Carranza
explore les manifestations de la culture
afro-péruvienne ou le Guadeloupéen
Cédrick-Isham expose
La Poursuite d’une
quête
, projet réalisé au Cameroun. Autre
fait notoire, à Bamako, sur les 85 photo-
graphes invités en 2019, plus de la moitié
sont des femmes.
TL
12
e
édition des Rencontres de Bamako – Biennale africaine de la photographie
.
Un dizaine de lieux donc le musée national du Mali, le Palais de la Culture
Amadou Hampâté Bâ, Bamako. Du 30 novembre 2019 au 31 janvier 2020
Henri Cartier-Bresson.
Construction de la piscine de l’Université
de Pékin par les étudiants, juin 1958.
Fondation Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos.
Emmanuelle Andrianjafy.
Sans titre, série
Nothing’s in Vain
, 2014-16.
2016, photographie. Courtesy de l’artiste.
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