Art Absolument N° 89 - juillet/août 2019 - Aperçu - page 15

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Vue de l’exposition de Miguel Chevalier,
Pixels Noir Lumière
, musée Soulages, Rodez, 2019.
Yves Klein.
Héléna (ANT 111)
.
1960, pigment pur et résine synthétique
sur papier marouflé sur toile, 218 x 151 cm.
« Je refuse le mausolée Soulages », déclarait
le peintre peu après l’inauguration à Rodez de
l’architecture aux faces de Corten, pour lequel
il a consenti une vaste donation à une condi-
tion : « Qu’il y ait 500 mètres carrés ouverts à
une exposition temporaire d’autres artistes.» Le
Siècle Soulages élargit un peu plus le cercle.
Certaines manifestations se rattachent direc-
tement à l’œuvre de l’artiste vivant le plus aimé
des Français – à l’image d’une lecture musicale
de ses
Écrits et Propos
où voix et accordéon se
répondent –, d’autres un peu moins. Pas évident
qu’il goûte le muralisme des Francs-Colleurs,
de Bault ou d’Andréa Ravo Matta, qui reproduit
à la bombe des morceaux de peinture carava-
gesque, programmé sur un grand mur de la rue
où est né le peintre. Mais ce Siècle est l’occa-
sion pour la municipalité de catalyser l’élan
donné par l’ouverture du musée. Et l’exemple
du Louvre-Lens, dont la fréquentation inaugu-
rale retombe peu à peu, ne peut donner tort aux
édiles de la préfecture de l’Aveyron.
De même, exposer Yves Klein et son bleu
unique dans le musée du peintre de tous les
noirs pouvait étonner. Mais c’était mécon-
naître la fréquentation par Pierre Soulages des
« lundis» de Marie Raymond, tenante de l’abs-
traction informelle qui expose avec Schneider ou
Hartung et mère d’Yves Klein… Daniel Moquay,
qui gère les Archives Klein, rappelle à dessein
une anecdote : Soulages et Klein se trouvaient
chez le même marchand de couleurs lorsque,
le premier cherchant une certaine épaisseur
de pâte, le second a eu l’intuition du potentiel
d’un pigment pur – qui l’amènera à formuler
et breveter son IKB (International Klein Blue).
S’ouvrant sur un bain de couleur avec un vaste
bassin empli de pigments bleus, l’exposition
exalte l’expérience de la couleur pure plus
qu’elle ne l’enferme dans une chronologie.
Dans cette « atmosphère Klein » que n’aurait
sans doute pas reniée l’artiste, la présence
d’
Yves Peintures
, un recueil de monochromes
précoce – et son premier acte public en tant
qu’artiste – augure néanmoins de certaines
voies ouvertes par ce champion de judo recon-
verti. Treize ans après la grande rétrospective
du Centre Pompidou, l’exposition
Des cris bleus…
réunit la majeure partie de ses expérimenta-
tions. Séries de monochromes, objet motorisé
réalisé avec Tinguely permettant la vibration
d’un plateau bleu par rotation, peintures de
feu ou
Anthropométries
: avant sa disparition
en 1962, les six années où Yves Klein produit
foisonnent d’idées en direction d’un art immaté-
riel. Introduit dès
Yves Peintures
, la reproduction
comme modalité de l’art en est une, capitale,
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