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Albert Marquet,
un regard atlantique
en Méditerranée
Marquet. La Méditerranée, d’une rive à l’autre
Musée Paul-Valéry, Sète
Du 29 juin au 3 novembre 2019
Commissaire : Maïthé Vallès-Bled
PAR PASCALE LISMONDE
Le Vésuve nimbé de brume, les ports
d’Alger, de Bougie ou de Marseille voilés
d’un gris bleuté, des plages désertées
sous un soleil blafard – les paysages
méditerranéens d’Albert Marquet baignent
dans une lumière sourde, mate, comme
tamisée… Au musée Paul-Valéry de Sète,
les quelque 80 toiles qu’il a peintes entre
1908 et 1940 dans ses voyages permanents
sur les deux rives de la Grande Bleue disent
un fauvisme distancié. Nulle passion
orientaliste chère à ses contemporains, tel
son grand ami Matisse. Pourtant, fasciné
par l’eau, les ports, les quais, Marquet
séjourne longuement à Collioure, à Nice,
en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, et
s’avère comme obsédé par ces paysages
sans cesse réitérés sur ses toiles. Quel
mystère cherche-t-il à percer ? Que
veut-il faire voir que nul autre n’a fait voir
auparavant ?
si on ne savait pas quoi en penser », souligne
Fabrice Hergott, le directeur du Musée d’Art
moderne de la Ville de Paris, lors de la première
grande rétrospective qu’il lui consacra en 2016. Et
la commissaire SophieKrebs de noter «l’infortune
deMarquet, personnage lisse, taciturne et timide,
qui a construit des remparts autour de lui et dont la
vie ne présente aucune aspérité, aucunmystère».
Donc éloigné des radars de la notoriété.
D’emblée, Albert Marquet étonne. Tout d’abord
par la discrétion de sa notoriété depuis sa dis-
parition en 1947, à 72 ans, alors que son œuvre
présente dans la plupart desmusées fut appréciée
de son vivant et qu’il vécut de son art en s’adonnant
librement à sonexplorationpicturale des paysages
au bord de l’eau. De nos jours, «rien n’est plus
reconnaissable qu’un tableau de Marquet, mais
il est toujours présenté un peu à l’écart comme