Art Absolument N°88 - mai/juin 2019 - Aperçu - page 15

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L’universel
Léonard de Vinci
Saison Viva Leonardo da Vinci ! – 500 ans de Renaissance(s)
500 projets en Région Centre-Val de Loire
Tout au long de l’année 2019
Programme sur
La Joconde nue
Domaine de Chantilly
Du 1
er
juin au 6 octobre 2019
PAR PASCALE LISMONDE
« Dieu mis à part, Leonard de Vinci est sans
doute l’artiste sur lequel on a le plus écrit », pose
d’emblée Daniel Arasse. Ce qui rend modeste.
Dès 1550, dans ses
Vies d’hommes illustres
, Vasari
le décrit tel « un élu de Dieu, dont la beauté, la
grâce, la prodigieuse habileté et la puissance
de son génie » furent telles que « sa renommée,
éclatante pendant sa vie, s’accrut encore après
sa mort ». Ne lui doit-on pas le tableau le plus
célèbre du monde, acquis par François I
er
, son
dernier protecteur  –
La Joconde
attirant au
Louvre 15 à 20 000 visiteurs par jour ? En 2019,
l’Italie et la France célèbrent avec faste les 500
ans de la mort de l’illustrissime Leonard de
Vinci. Alors, on s’interroge. Pourquoi cet artiste
devenu l’incarnation de la Renaissance fascine-
t-il autant ? Et pourquoi sa machine volante et
autres inventions ont-elles été ignorées pendant
quatre siècles ?
«Le peintre est maître de toutes les choses qui
peuvent frapper la pensée de l’homme, car s’il
désire voir des beautés qui l’enchantent (ou des
monstres, des sites déserts, des vallées pro-
fondes, de hautes montagnes), il a le pouvoir de
les engendrer. » «L’œuvre de peinture est com-
municable sans interprètes à toutes les généra-
tions de l’univers. » «La peinture est d’essence
divine. » : le primat de la peinture,
cosa mentale
,
est sans cesse réaffirmé par Léonard en son
traité. Pourtant son œuvre peint tient actuelle-
ment en 24 tableaux et fresques autographes.
Cinq autres lui sont attribuées mais réalisées
en collaboration, et douze toiles, fresques, ou
cartons sont perdus. En somme, peu d’œuvres,
bien que leur réalisation s’étale sur plus de 40
ans, de 1469 à 1515.
«La peinture
est philosophie»
Au-delà de leur nouveauté stylistique (appari-
tion du
sfumato
, Léonard «maître des ombres»)
et de leur mystère inaltéré (
La Joconde
,
prima
inter pares
), qui lui valurent très tôt la célébrité,
la gloire de cette œuvre a été décuplée par un
ensemble sans égal d’observations, études
et expérimentations que Leonard de Vinci a
menées tout au long de sa vie pour « voir la
nature au-delà du visible ». « Aucune inves-
tigation humaine ne peut s’appeler une vraie
science sans passer par des démonstrations
mathématiques» : au prix de recherches inces-
santes, il s’efforce d’élaborer les lois du monde
physique. Les définissant comme « une philo-
sophie », leur étude seule permet de « repré-
senter la nature » selon cet art suprême de la
peinture, « avec des mains si expertes qu’elles
créent à l’instant même l’harmonie des justes
proportions, d’un seul regard ». Posant à la
base de toutes ses études cette identité de la
peinture et de la philosophie, de l’art et de la
science, sa méthode fascine. « Il fait problème
de tout », écrit Paul Valéry. «À toute fissure de
Léonard de Vinci (attribué à).
Autoportrait.
1512-15, dessin à la sanguine, 33 × 21,6 cm.
Bibliothèque Royale de Turin.
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