Art Absolument N°88 - mai/juin 2019 - Aperçu - page 25

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DÉBATTRE
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Depuis quand le modèle noir existe-t-il dans l’art des Blancs? Tandis que le trésor de Toutânkhamon à la Villette
prouve la longue persistance de cet enfant des noirs minuits dans l’Égypte antique, le musée d’Orsay bouscule
l’histoire de la représentation des Noirs en les nommant, et en révélant la face cachée de l’art moderne en
France et aux États-Unis, depuis l’abolition de l’esclavage jusqu’à la difficile (re)naissance contemporaine.
Et si le modèle noir remontait aux origines
de la civilisation ? « Le Nègre ignore que
ses ancêtres, qui se sont adaptés aux
conditions matérielles de la vallée du Nil,
sont les plus anciens guides de l’huma-
nité dans la voie de la civilisation, à une
époque où le reste de la Terre était plongé
dans la barbarie », affirmait l’historien
et anthropologue sénégalais Cheikh
Anta Diop. Pour ce chercheur original
mais contesté (et contestable), aucun
doute : l’Égypte antique était peuplée
d’Africains noirs, présentant les mêmes
traits physiques que ceux d’aujourd’hui.
«Je suis noir, d’accord, je ne suis pas prêt de l’oublier, mais je ne suis pas prêt de le leur faire oublier. »
Jack Johnson, premier champion du monde de boxe noir (1908-1915),
cité par Miles Davis dans sa suite jazz
Jack Johnson
.
Frédéric Bazille.
Femme aux pivoines.
1870, huile sur toile, 60 x 75 cm. National Gallery of Art, Washington.
Pourtant, si, comme le reconnaissait
l’archéologue français Jean Vercoutter,
« l’Égypte (ancienne) était africaine dans
son écriture, dans sa culture et dans sa
manière de penser », il n’est guère pos-
sible d’affirmer que les pharaons de l’âge
classique aient eu la peau noire – hormis
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